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Lot n° 48

CABINET DODIEU Val-de-Loire, vers 1560-1580 Noyer...

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CABINET DODIEU Val-de-Loire, vers 1560-1580 Noyer ; incrustations d'ébène et de coquille d'oeuf Hauteur totale : 220 cm Corps du haut : H. 84 cm, L. 121 cm, P. 46 cm Corps du bas : H. 100 cm, L. 142 cm, P. 56 cm Restaurations d'usage et d'entretien Armes de la famille Dodieu : écu à la bande accompagnée de deux lions rampants, armés et lampassés Notre cabinet à deux corps et au fronton brisé emprunte son répertoire décoratif au vocabulaire monumental du règne d'Henri II. Sa structure est semblable à celui du Musée des Arts décoratifs, parangon des armoires franciliennes de la Seconde Renaissance (fig. 1). Les deux meubles ont en commun les colonnes portantes à fût lisse, les quatre vantaux décorés de figures féminines, les ornements à rinceaux et arabesques ; ils partagent le même goût pour les riches incrustations, là du marbre noir, ici de l'ébène. Toute la composition du nôtre s'ordonne autour du mufle de lion rugissant sculpté en haut-relief. Le fronton est armorié. Notre ébéniste a joué sur l'alternance des lignes droites de l'architecture avec les courbes des volutes et celles des corps des sphinges pour mettre en valeur le blason sculpté, abrité sous l'édicule central. L'écu à la bande accompagnée de deux lions rampants, armés et lampassés, qui est de Dodieu, porte en un heaume à deux pennes en cimier. Il pourrait s'agir des armes de Louis Dodieu, seigneur de Vély, membre du Parlement de Bretagne (fig. 2). Le décor des vantaux puise son inspiration dans le répertoire bellifontain. Les panneaux, finement sculptés en méplat, sont divisés en trois registres superposés. Des chimères ornent le registre inférieur sur le corps haut, des mascarons sur le corps bas tandis que, sur les deux corps, les bandeaux supérieurs présentent des femmes nues couchées au milieu d'un paysage agraire qui évoquent les suites allégoriques gravées par les artistes flamands et les hollandais. Celle en bas à droite diffère des trois autres par sa posture dynamique : pointant de la main droite quelque chose par dessus son épaule gauche, elle impose à tout son corps un mouvement de torsion. Les grandes figures du registre médian développent le thème des Saisons, que l'on retrouve aussi dans les ovales de l'armoire Arconati-Visconti du Louvre où un homme figure en revanche l'Hiver (fig. 3). Nos allégories aux bras chargés de cornes d'abondance et portant dans l'autre main des bouquets variés d'épis de céréales ou de fleurs évoquent davantage les figures de l'Eté et de l'Automne sculptées en façade de l'hôtel Carnavalet par l'atelier de Jean Goujon (fig. 4), dans l'esprit de la Renaissance italienne (fig. 5). Notre sculpteur a innové en représentant une femme pour chacune des saisons. Les Dodieu, issus de la noblesse lyonnaise, tiennent peut-être de cette région leur attrait pour les formes italianisantes. Jean Dodieu, élu consul de Lyon en 1500, a transmis ses armoiries à cette dynastie de grands officiers de la Couronne (Armorial consulaire de la ville de Lyon conservé à l'École nationale des Beaux-Arts, Masson 118, f. 5v). Son descendant Claude Dodieu fut conseiller puis maître des requêtes au Parlement de Paris (Armoiries des Présidents et conseillers du Parlement de Paris, depuis le XIVe siècle jusqu'en 1721 à Paris, Bibliothèque Mazarine, ms. 2909, f. 194). Il participa aux négociations au sujet du mariage de la fille d'Henri VIII avec François Ier et d'un projet d'alliance contre l'empereur Charles-Quint pour la délivrance des enfants de France en 1525 (Bibliothèque nationale de France, Dupuy 41). Clerc non tonsuré, nommé abbé de Saint-Riquier en 1534 et évêque de Rennes en 1541, il timbrait ses armoiries du chapeau cardinalice. Mort le 4 avril 1558, il fut inhumé aux Célestins de Paris où se trouvait le tombeau du coeur d'Henri II. C'est probablement à son fils aîné Louis Dodieu qu'il faut attribuer la commande de notre armoire. Ce dernier hérita de la seigneurie de Vély et emprunta comme son père la voie parlementaire. Il fut reçu conseiller au Parlement de Rennes en 1558, puis Président en 1601. La production de telles armoires en noyer, à deux corps et décor de Saisons, est restée très vivace à Paris, jusqu'au début du règne de Louis XIII. En témoignent les contrats notariés passés entre les maîtres menuisiers et leurs clients dans lesquels on les désigne sous le terme de «cabinet».

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