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Lot n° 13

SAINT ANTOINE LE GRAND Est de la France, fin du...

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SAINT ANTOINE LE GRAND Est de la France, fin du XVe siècle Chêne, polychromie H. 97 cm, L. 32 cm, P. 26 cm Saint Antoine, représenté ici en abbé, tient La Règle des Antonites ouvert dans sa main droite tandis qu'il s'appuie de la gauche sur un bâton en forme caractéristique de tau auquel est suspendu un chapelet. Il porte un bonnet et la tunique des moines de son ordre sous un manteau de bure à capuche. Un cochon en proie aux flammes l'accompagne. Une clochette est accrochée à son cou. Le visage de notre saint possède une belle harmonie. Les yeux sont baissés sous le front ceint de petites boucles profondément sculptées et la bouche disparaît sous une opulente pilosité. Le traitement de la barbe avec ses quatre longues bouclées sous une courte moustache dénote la qualité du sculpteur que l'on perçoit également dans la position des doigts qui retiennent le livre ou dans le pittoresque du porc qui se gratte l'oreille. Le cochon, dont la clochette signale la domesticité, n'apparaît dans l'iconographie du saint qu'à partir du XIIIe siècle, avant de devenir son attribut au siècle suivant. Il faut probablement mettre cette innovation iconographique en relation avec la pratique de l'élevage des porcs chez les Antonins comme le suggère d'ailleurs la terrasse enflammée, symbole du «feu de saint Antoine». Les religieux réguliers de l'Ordre de Saint-Antoine-en-Viennois accompagnaient leurs soins aux malades d'un régime alimentaire carné. Le culte de saint Antoine s'est développé en Occident au XIe siècle, au moment de l'arrivée de ses reliques. Sa vie a été popularisée par Jacques de Voragine au XIIIe siècle. On note alors un regain d'intérêt pour le saint anachorète, devenu au fil des siècles un saint guérisseur. Ce saint d'Orient, né à Qeman en Egypte, en 251, fut appelé à mener une vie d'ascète. Victime de son succès, il abandonna sa vie érémitique pour un mode de vie communautaire et fonda un premier monastère au Mont Golzim où il s'éteignit en 356. Ses reliques transférées à Constantinople arrivèrent en France, dans une abbaye qui prendrait bientôt le titre de Saint-Antoine-en-Viennois. Les moines adoptèrent la règle des Antonites et constituèrent un ordre hospitalier spécialisé dans le traitement des maladies contagieuses telles que le fameux «feu de saint Antoine», causé par l'ingestion de seigle ergoté. La présence des reliques d'un nouveau saint réputé thaumaturge encouragea un afflux de pèlerins et de malades atteints du «Mal des Ardents» qui furent accueillis à l'initiative des seigneurs locaux par une confrérie de laïcs dans la Maison de l'Aumône gérée par les frères hospitaliers. L'Ordre des Antonins fut officiellement établi à la fin du XIIIe siècle par Boniface VIII qui confirma sa vocation hospitalière. Les Antonins, placés directement sous l'autorité pontificale et donc libres des soins, optèrent pour un régime alimentaire à base de porc et de vin, nécessitant l'élevage de cochons. L'imagerie animalière garde ainsi le souvenir d'une pratique ancestrale, qui semble aujourd'hui tombée en désuétude. De même que le bâton en tau, une béquille, évoque l'engagement des frères à consacrer leur vie aux infirmes. On ne connaît pas d'autre représentation du saint où le cochon se gratte l'oreille.

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