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Lot n° 46

MORIN (Simon)

Résultat :
Non Communiqué
Estimation :
Réservé aux abonnés

Pensées de Morin. Dédiées au Roy. Sans lieu, 1647. In-8 de 176 pp. mal chiffrées 175 sans manque. Avec, dans un volume à part en reliure uniforme : Factum contre Simon Morin. Déclaration de Morin, depuis peu délivré de la Bastille. Déclaration de Morin, de sa femme et de mademoiselle Mal'herbe. Arrest de la cour de Parlement. Le Procès verbal d'exécution de mort de Simon Morin. En tout, un ouvrage et cinq pièces reliés en 2 volumes in-8 : maroquin rouge, triple filet doré, dos ornés, pièces de titre olive, roulette intérieure, tranches dorées sur marbrures (reliures du milieu du XVIIIe siècle). Édition originale, de toute rareté, des Pensées d'un illuminé et hérétique normand. Elle offre un exposé de la doctrine de l'auteur, ainsi que ses cantiques spirituels et quatrains. Né vers 1620 à Richemont, près d'Aumale, Simon Morin est fameux pour l'exagération de ses convictions religieuses. Accusé d'avoir “esté l'auteur d'une damnable doctrine qu'il avoit enseignée verballement & par écrit, & par laquelle il avoit séduit & corrompu plusieurs personnes à l'effet de détruire la Religion Catholique”, et surtout parce qu'il prétendait être le Fils de l'Homme, “Esprit ressuscité en gloire & incorporé en lui & venu en terre pour son second avènement, afin de juger le monde & d'y établir le Règne du Saint Esprit & de la gloire”, Morin connut d'abord la prison. Récidiviste, il fut livré au bûcher avec son livre en 1663. “Dans la mort, jugea Michelet, il ne se montra pas indigne des penseurs qui, avant lui, honorèrent le bûcher.” Il avait sans doute été dénoncé par l'un de ses disciples, Desmarets de Saint-Sorlin : “Mystique de la veille et désireux de donner à ses protecteurs ecclésiastiques une preuve de son zèle pour la foi, afin d'effacer le libertinage de sa jeunesse, il s'improvisa inquisiteur et se chargea de faire arrêter et condamner Simon Morin. Visionnaire lui-même, auteur d'ouvrages qui, pour l'étrangeté et la forme apocalyptique, ne le cèdent en rien aux Pensées, il montra d'autant plus d'acharnement contre le malheureux illuminé qu'il voyait en lui un rival de gloire, un homme capable d'entraver sa propre mission” (Paul Alphandéry, Le Procès de Simon Morin in Revue d'histoire moderne et contemporaine, 1899, I, n° 5, pp. 475-490). Girardot de Préfond, à qui l'exemplaire a appartenu, a fait relier de manière uniforme dans un volume à part cinq pièces concernant les procès à l'encontre de l'auteur : — Factum contre Simon Morin, Dans lequel se trouve l'Analyse des Ouvrages de ce Fanatique. Sans lieu ni date. 25 pp. — Déclaration de Morin, depuis peu délivré de la Bastille, sur la révocation de ces pensées, donnez au public par les mauvais souffles, empoisonnemens & enchanteries que les Démons luy avoient donné pour tromper les hommes, sous prétexte de Religion. Paris, Claude Morlot, 1649. 6 pp. — Déclaration de Morin, de sa femme et de mademoiselle Mal'herbe, touchant ce qu'on les accuse de vouloir faire une Secte nouvelle, & comme quoy ils ont tousiours esté & demeurent soubmis à l'Église. Sans lieu, 1649. 6 pp. — Arrest de la cour de Parlement. Rendu à l'encontre de Simon Morin natif de Richemont proche Aumale, portant condamnation de faire amende honorable, & d'être brûlé vif, pour avoir ris la qualité de Fils de l'Homme, entendu Fils de Dieu ; ensemble la condamnation de ses complices. Paris, Louis Barbote, 1663. 8 pp. (la dernière, blanche, non chiffrée). — Le Procès-verbal d'exécution de mort de Simon Morin, brûlé vif en Place de Grève le 14 Mars 1663, contenant l'abjuration de son Hérésie & mauvaise doctrine. Sans lieu ni date. 6 pp. Exemplaire remarquable, dont on peut retracer le cheminement sur plus de deux siècles. Relié pour Paul Girardot de Préfond (ex-libris, 1757, n° 176-177, mal décrit et signalé comme étant en maroquin bleu), il a fait partie des bibliothèques Mac-Carthy Reagh (1815, n° 1042), La Bédoyère (1837, n° 59), William Beckford (1882, n° 2645), La Germonière (ex-libris, 1966, n° 256), Mac Laughlin (ex-libris, 1987, n° 1874) et enfin Pierre Berès (VI, 2007, n° 93). En outre, il a figuré au bulletin de la librairie Morgand (n° 8519) et se trouve cité par Brunet. Les volumes, réglés de rose, sont conservés dans deux élégantes reliures en maroquin rouge du XVIIIe siècle parfaitement conservées. Brunissures et petite restauration marginale au dernier feuillet des Pensées. (Blavier, pp. 62-63.- Brunet, Fous littéraires, pp. 149-151 : “Le bûcher sur lequel périt Morin est le dernier qui ait été allumé en France pour opinions religieuses.”- Caillet, n° 7791.- Frère, t. II, p. 327.- Guaïta, n° 1637.)

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