MEUBLE À HAUTEUR D'APPUI à panneaux en laque... Lot 67

MEUBLE À HAUTEUR D'APPUI à panneaux en laque de Chine Paris, époque Régence, vers 1720 Laque de Chine, vernis européen ; bronzes dorés H. 138,5 cm, L. 155,5 cm, P. 49 cm Ce meuble à hauteur d’appui est l’un des premiers témoignages de l’utilisation au début des années 1720 de panneaux de laque d’Extrême-Orient dans le mobilier français. L’architecture reste encore très imprégnée des rigueurs du « Grand Siècle » avec ses formes rectilignes, son piètement uni à un large tablier et son ornementation de bronzes ciselés et dorés empruntée au répertoire du règne finissant. Les panneaux latéraux à double réserve sont peints en vernis européens soulignés de baguettes en bronze doré. L’originalité de ce meuble réside dans l’habillage des vantaux de façade de deux panneaux en laque de Chine ornés de branchages fleuris peuplés d’oiseaux. Les motifs, réalisés en or sur fond noir, sont richement enrichis par la présence d’un rouge vif posé avec une certaine opulence. Le décor est complété sur les côtés par des panneaux en « vernis Martin ». A la luxuriance de ces laques orientaux répondent les bronzes dorés, qui, avec ses chutes, sabots, tablier et entrées de serrure très finement ciselés, achèvent d’apporter à ce meuble tout son éclat. A noter que la célèbre famille Ramsay conservait dans ses collections un meuble à hauteur d’appui à la structure et au décor de panneaux de laque de Chine très proche de notre meuble (fig. 1). Les proportions et les qualités d’exécution de notre meuble rappellent les réalisations d’un grand maître de la première moitié du XVIIIe siècle, Pierre II Migeon (1701-1758), membre de l’une des plus importantes dynasties d’ébénistes du XVIIIe siècle. Celui-ci réalisa en effet un certain nombre de meubles à hauteur d’appui de ce type, la plupart du temps en bois de placage, les angles arrondis, les côtés plus ou moins évasés, avec ou sans bronzes. Néanmoins, les meubles en laque sont assez rares chez cet ébéniste, s’agissant généralement de commodes, essentiellement en laque de Chine (fig. 2). Bel exemple de la fascination exercée par la Chine sur les Européens, ce meuble, aux proportions agréables, est un rare témoin de ce que fut la production des années 1720, associant laques d’ExtrêmeOrient et lignes européennes, dans une harmonieuse synthèse annonçant déjà la production du règne de Louis XV. Plusieurs meubles issus de collections prestigieuses peuvent être comparés à celui que nous présentons. Citons, par exemple, le cabinet à hauteur d’appui de la collection de Monsieur André Saint qui comporte des panneaux de laque aux décors de volatiles très proches (fig. 3). Dans le même registre, un très beau panneau en laque de Chine, daté du début du XVIIIe siècle et conservé au château de Steinau, présente une iconographie semblable à ceux flanquant les vantaux de notre meuble (fig. 4).