Robert ORR (1804 - 1842) Lot n° 6

Palais de Constantia, à Lucknow (Indes Orientales)... Aquarelle sur papier, 165 x 246 mm. Présenté sur une feuille d'album, décoré d'un encadrement de papier découpé, attribué en bas à droite, titré en bas au centre. Le titre se poursuit : «... bâti par le Général Martin (de Lyon), qui y fut inhumé dans l'année 1828.» Robert Orr était écuyer (esquire), vraisemblablement d'une famille d'importants négociants en indigo, installé à Fort Gloster, dans la banlieue de Calcutta, où il est décédé le 16 octobre 1842, âgé de 37 ans, ainsi que le précise l'Asiatic Journal and Monthly Register for British and Foreign India, China and Australasia (Vol. XXXIX, Septembre-Décembre 1842, p.431). Quelques années plus tôt, un homonyme, vraisemblablement son père, est cité comme plaignant dans une affaire de vol d'indigo, commis à Sasni (Uttar-Pradesh) par un certain Raja Pahup Singh. Ayant demandé l'intervention d'Almas Ali Khan, seigneur local sis à Lucknow, et mécontent d'être débouté, il fait intervenir le général français Pierre Cuillier-Perron (1755-1834). Le «Général Martin (de Lyon)» est Claude Martin (1735-1800), célèbre aventurier, soldat de la Compagnie française des Indes orientales, puis de la Compagnie anglaise des Indes orientales. Il connaissait la famille Orr, et dans sa correspondance publiée, il cite Robert (le père) et se plaint de l'importante dette de 40000 roupies qu'il ne s'empresse guère de rembourser. Martin, après avoir gravi tous les échelons hiérarchiques de la Compagnie Anglaise des Indes Orientales constitue la plus importante fortune amassée par un Européen en Inde. Découragé de rentrer en France à cause de la Révolution, il se fait bâtir un palais, Constantia, nommé d'après sa devise Labore et Constantia. Le palais, bien que largement achevé en 1795, ne sera pas complètement terminé à son décès. Il existe toujours et abrite le La Martinière College, aujourd'hui un des établissements éducatifs les plus prestigieux d'Inde. Il abrite le mausolée de Martin, le plus grand monument funéraire européen en Inde, que l'historien William Dalrymple décrit comme «la réponse de la Compagnie des Indes orientales au Taj Mahal». Le testament de Martin informait de son souhait de fonder, avec le restant de ses biens, cinq écoles, qui virent toutes le jour et qui existent encore : deux à Lucknow, deux à Calcutta et une à Lyon. Constantia fut utilisé comme quartier-général pour l'état-major des révoltés Cipayes, en 1857 (appelée Indian Rebellion of 1857). Notre dessin est une des vues les plus anciennes de ce Palais, véritable joyau de l'architecture coloniale en Inde. Provenance : tiré de l'album amicorum d'Anna de Beauchesne (1803-1876).