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Lot n° 29

LACROIX DE MARSEILLE,CHARLES-FRANCOIS GRENIER...

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PORT DU SUD AVEC L'ARCHE DE TITUS 1780 Huile sur toile Signé et daté en bas à gauche De Lacroix 1780 65,5 x 93 cm Certificat René Millet Dans la clarté de l'aurore on s'affaire déjà dans cette rade à l'aspect pittoresque. Au premier plan, point de quai mais des rochers plats auxquels on vient accoster en s'amarrant à des piquets plantés dans l'eau. Dans une barque des pêcheurs tirent leurs filets tandis que sur la berge deux femmes conversent. Un splendide trois-mâts est au mouillage. Autour du navire gravitent des chaloupes. La mer est d'huile. Mais l'objet singulier de ce paysage portuaire est la ruine de cet arc de triomphe romain, imposant bien qu'en partie détruit. Il domine le port et arbore fièrement son origine antique par une plaque gravée dont on ne distingue que l'inscription latine SPQR, atteste de sa romanité. Le plafond à caissons de son intrados, les colonnes engagées, les reliefs qui l'ornent - victoires ailées et frise de personnages - nous révèlent sa parenté avec l'arche de Titus à Rome. Son emplacement pourrait paraître singulier même s'il existe sur le port d'Ancône l'arc de Trajan. Pour autant, celui-ci ne témoigne pas d'un lieu réel mais bien imaginaire à la façon des «Caprices» tels qu'on les appréciait depuis le XVIIe siècle, à l'instar de Claude Lorrain ou plus proche de l'artiste, Hubert Robert. À bien y regarder, les personnages semblent aussi fantaisistes. Ce pêcheur allongé au premier plan prend la pose d'un dieu-fleuve brandissant son trident. Il évoque les antiques célèbres du Tibre ou du Nil. Lacroix de Marseille (1700-1782) est un peintre paysagiste français qui s'établit à Rome, de 1750 à 1763, où il découvre à la fois l'Antique et la peinture de paysage héritée du siècle précédent. En effet, le Lorrain mais aussi Poussin ont initié ce genre où abondent des architectes antiques, citées ou revisitées. Mais ici pas de ports majestueux aux perspectives rigoureuses mais une prédilection pour le pittoresque et pour une nature plus sauvage, Lacroix développe un style sous l'influence de Claude-Joseph Vernet qu'il rencontre lors de son séjour à Rome en 1751 et auprès duquel il apprend à peindre des marines. Vernet qui vient de recevoir la commande du roi de sa célèbre série des Ports de France recherche cependant l'exactitude quand Lacroix lui préfère une vision plus poétique. Ce tableau au format exceptionnellement grand et datant de la fin de sa carrière, en est un brillant exemple. La maîtrise du rendu de l'aube, irradiant toute la baie, restitue avec brio cette lumière typiquement méditerranéenne. La fraîcheur des couleurs à la gamme élégante confère à l'ensemble une vision enchantée du monde où les personnages évoluent avec naturel. Sa peinture, fort prisée des amateurs du XVIIIe siècle et qu'il décline à l'envi en variant les effets - de nuit, du matin, d'orage...- se retrouve aujourd'hui dans les plus grandes collections privées et publiques.

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