Miguel de CERVANTES - Le Don Quichotte - 1807 Lot n° 1020

Ouvrage incontournable ! "La question de la folie dans Don Quichotte n'a jamais été posée avec une suffisante clarté. Que le protagoniste du livre soit devenu fou à force de lire des livres de chevalerie est une donnée que chacun accepte d'emblée, sans s'étonner qu'un aussi considérable édifice repose sur une base aussi apparemment arbitraire. Qu'il ne vienne à l'idée de personne de contester cet étrange départ (fût-ce en se posant la question : pourquoi ?), tient peut-être à ce que la figure du fou permet au lecteur d'affirmer à bon compte sa domination, - ce qui ne va pas sans lui procurer un bénéfice de plaisir d'autant plus sensible que sa supériorité à l'endroit de l'Autre se décharge aussitôt en rire. La folie serait donc, au premier chef, un ressort comique. Sans doute est-ce cette donnée de folie qui a valu à Don Quichotte de devenir un livre de jeunesse, l'enfant en quête de sa propre raison dominant le fou de toute sa stature d'enfant. Ces observations n'ont trait qu'à la seule métapsychologie de la lecture. Un savoir plus étendu — celui de l'historien des idées — ne manquera pas de mettre la folie de don Quichotte au compte de la thématique de démence qui se faitjour à travers la culture européenne des XVIe et XVIIe siècles : il y a la moría d'Erasme, la folie du Tasse, les fous de Shakespeare (Lear, Hamlet), les fous français (Théophile de Viau, Rotrou, Tristan l'Hermite), le licencié de Verre, le Cuerdo loco de Lope de Vega, et la folie suicidaire de Saavedra dans le deuxième Guzman d'Alfarache, sans parler des fous de Velazquez et de toutes autres manifestations de folie que recense Michel Foucault dans son Histoire de la folie à l'âge classique. Que se passe-t-il donc dans cette Europe de l'après-Renaissance et de l'éveil baroque pour que la folie s'impose à l'esprit avec cette véhémence ?" La thèse que soutient Maurice Molho qui peut conditionner la lecture de Don Quichotte est que "la montée de la folie accompagne nécessairement la montée