ROUSSEAU (Jean-Jacques) Lot n° 143

Les Confessions. Avec une préface par Marc-Monnier. Paris, Librairie des bibliophiles, Jouaust, 1881. 4 volumes in-8 de 2 ff.n.ch., XXXVIII pp., 1 f.n.ch., 207 pp. ; 2 ff.n.ch., 231 pp. ; 2 ff.n.ch., 346 pp. et 1 f.n.ch. ; 2 ff.n.ch., 273 pp. et 1 f.n.ch.: maroquin olive, décor à la Du Seuil, dos orné, dentelle intérieure, tranches dorées sur témoins, couverture (Chambolle-Duru). Portrait de l'auteur d'après un pastel de Quentin de La Tour, et 12 figures, le tout gravé à l'eau-forte par Jules Hédouin. Il a été tiré de cette édition 220 exemplaires en grand papier, au format in-8: celui-ci est l'un des 20 sur papier Whatman comprenant les gravures en double état. L'exemplaire a servi de bouclier à son propriétaire lors de la révolution russe de 1917: deux des volumes portent la marque des balles qu'ils ont arrêtées. C'est ce qu'indique une note non signée (une page in-8 pliée en deux) jointe à l'exemplaire et dont l'anecdote, qui relève du miracle, est confirmée par Carteret dans le Trésor du bibliophile (I, p. 31): “Peu de temps avant sa mort, le parc de ce riche collectionneur fut envahi par un groupe de révolutionnaires qui étaient d'accord avec ses gens. Ils approchèrent du château et tirèrent sur le comte qu'ils aperçurent derrière la fenêtre de sa bibliothèque. Prévoyant cette fusillade, le comte saisit au hasard deux des quatre volumes reliés en maroquin, formant l'édition de Jouaust, des Confessions de Jean-Jacques Rousseau qui étaient sur sa table. Il les ouvrit machinalement pour les placer devant lui afin de préserver son cœur et son abdomen ; il évita ainsi la mort. J'ai eu en mains ces tristes pièces à conviction [...] le texte était transpercé par deux balles qui, après avoir traversé l'épaisseur totale du papier faisant un trou semblable à celui que laisserait un gros poinçon, perforèrent les cartons de la reliure et s'arrêtèrent juste au maroquin, qui fut, lui, à peine endommagé.” Le rescapé en question se nommait le comte Auguste