CHARLES COUNHAYE (1884 - 1971) Lot n° 26

Le port, 1942 Huile sur panneau Signé et daté en bas à gauche Olie op paneel Links onderaan getekend en gedateerd 32 x 40 cm Mon expressionniste préféré: l'égal d'un Rouault; le seul peut-être, en Belgique, ayant ce que Unamuno nommait sentiment tragique de la vie; cet art puissant, tout ensemble âpre et raffiné, est méconnu pour toutes sortes de raisons: communiste et aristocratique, indépendant, solitaire et fier, ne faisant pas le gracieux, ne mâchant pas ses mots, l'homme a dû se mettre à dos plus d'un Important; trop tard venu sans doute, occulté par les Expressionnistes flamands, trop différent de Rouault, il est difficile à situer; ses meilleures oeuvres, on ne les voit jamais, la plupart séquestrées dans quelques collections privées (tiens! comme celles de Pirenne, l'autre alerte vieillard verviétois); avant la scission, la Province du Brabant possédait plusieurs magnifiques grandes toiles: où sont-elles à l'heure qu'il est est ? Dieu sait... (peut-être, ce n'est pas sûr); les rares oeuvres appartenant à des musées moisissent dans les caves; en vente publique, on ne trouve que des choses mineures, proches de la caricature; ses nombreuses pochades érotiques elles-mêmes sont moins racoleuses qu'ironiques. Il y aurait peut-être lieu de parler d'un Expressionnisme méditerranéen: s'il adorait toute chose espagnole (dont Goya naturellement), Counhaye présente pourtant une très étonnante parenté avec le peintre italien Mario Sironi: combien de leurs paysages urbains déserts, ou de périphéries industrielles, de paysages montagneux, qu'on pourrait croire d'un seul et même peintre! même absence de lumière et de perspective, même construction légèrement cubisante, même gamme presque monochrome de bruns-rouges terreux, même rapidité d'exécution. Malheureusement, après 1930, Sironi s'est non seulement assagi mais répété: Counhaye jamais; il n'a plus évolué, mais il ne s'est jamais épuisé, malgré son intense productivité: La co