NERVAL (Gérard de) Lot n° 48

Le Dix-huitième Siècle. Sans lieu ni date [Paris, 1845]. Manuscrit autographe: 1 p. ¼ in-4. Ratures et corrections. Bords légèrement effrangés. Très beau manuscrit de travail: brouillon d'un article. Début de la recension, parue dans le Constitutionnel du 28 janvier 1845, de l'ouvrage de son "ami" Arsène Houssaye intitulé: "Galerie de portraits. Le Dix-huitième siècle." L'article, repris dans le recueil posthume le Rêve et la Vie (1855, pp. 291-292), présente des variantes. Comment l'aimable XVIIIe siècle a-t-il basculé dans les "bruyantes saturnales" révolutionnaires? Les considérations d'ordre politique sous la plume de Gérard de Nerval sont trop rares pour qu'on ne tende pas l'oreille lorsqu'il en vient à se livrer. "Le dix huitième siècle n'est pas encore fini!" écrivait Joseph de Maistre à l' époque de l'Empire, et l' histoire a prouvé qu' il avait raison. Nous avons assisté quinze ans aux dernières luttes animées par son esprit et par ses souvenirs et nos pieds glissent encore sur le sol nouveau qu' il nous a cédé. Nous venons à peine d'atteindre le moment où l'on peut parler de cette grande époque avec justice et impartialité; et de ceux qui sont morts, sans crainte d'offenser les mourants. Vainqueurs et vaincus, bourreaux et victimes, tout a passé désormais sous la main égale du temps, et l'on se demande si ce qui fit longtemps l'effet d'un champ de supplices ne fut pas plutôt seulement un vaste champ de batailles, où l' instrument de la mort passa de mains en mains, ne servant tour à tour ou ne frappant que les plus braves! Qu'avait donc fait cette société qui venait de vivre en paix tant d'années pour aboutir à de telles fureurs? Pourquoi tous ces esprits choisis, toutes ces délicates intelligences qui avaient passé leur vie dans les salons des grands et dans les demeures royales, pourquoi ces poètes, ces artistes, ces philosophes, ces romanciers se retournent-ils tout d'un coup contre une aristocratie bienveillante, contre une royauté souvent hospitalière