Les œuvres réunies par le peintre et sculpteur Albert Bitran obtenaient les meilleurs résultats de cette dispersion d’arts premiers, à l’image de cette statue des Philippines, qui avait intégré sa collection en 1989 pour ne plus la quitter jusqu’à aujourd’hui. Attendue au plus haut à 6 000 €, elle était propulsée jusqu’à 41 580 €. Nommée «bulul», elle adopte la posture caractéristique d’une divinité gardienne – jambes repliées et bras croisés reposant sur les genoux – associée à la prospérité des récoltes de riz, principale denrée du régime alimentaire ifugao. D’importance vitale, elle devait être fabriquée en respectant un strict cérémonial pouvant durer plus de six semaines, du choix de l’arbre – un narra – jusqu’à la récitation du mythe créateur du premier bulul, avant son installation dans un grenier. Deux versions, masculine et féminine, étaient sculptées en même temps. De telles effigies étaient transmises à l’aîné de la famille, comme les rizières auxquelles elles étaient liées. Seules des familles assez fortunées possédaient donc des bulul. Du côté de l’Afrique, si la statuette lega en ivoire ne trouvait pas preneur (voir l'article Bamileke, Lega et Nock de la Gazette n° 9 page 98), 11 718 € étaient déboursés pour la représentation probable d’un roi, un fon bamileke puissamment sculpté, bouche ouverte sur les dents, oreilles saillantes en cupules, et mains posées sur le torse (h. 93 cm).