On ne saurait imaginer endroit mieux adapté à cette exposition que le musée de Sète. Dominant la mer, il ouvre directement sur ce paysage qu’Albert Marquet (1875-1947) a représenté à plusieurs reprises au cours de l’été 1924. Insatiable voyageur, le peintre des bords de Seine et des côtes normandes découvre la Méditerranée en 1905, et ne cessera ensuite d’en arpenter les deux rives durant quarante ans, du midi de la France à l’Italie, de l’Espagne au Maroc et à la Tunisie. En près de quatre-vingts peintures, aquarelles et dessins à l’encre, l’accrochage concocté par Maïthé Vallès-Bled directrice du musée Paul-Valéry mélange prêts de musées et œuvres issues de collections privées, en privilégiant des toiles rarement vues, dont beaucoup étaient absentes de la rétrospective du musée d’Art moderne de la Ville de Paris en 2016. Au gré de cimaises en dégradés de bleus et de verts en harmonie avec la gamme chromatique des toiles de Marquet , le voyage est organisé par ville ou par pays. Sous le soleil de Marseille, de Sète (Le Canal de Beaucaire), de Naples (Le Voilier, chef-d’œuvre prêté par le musée des beaux-arts de Bordeaux), de Venise, de Tanger ou de Sidi Bou Saïd, l’artiste nourrit une seule obsession : voir et peindre la mer, le plus souvent depuis une chambre d’hôtel lui offrant un point de vue en plongée. D’où ces paysages sereins, solidement structurés par des jeux de perspectives régis par des lignes horizontales et obliques. Albert Marquet est «moins un imaginatif qu’un très silencieux contemplatif», affirmait l’écrivain Georges Denoinville. À notre tour de le devenir, face à ses tableaux d’une beauté lumineuse et apaisante.