Vu Cao Dam, Lé Phô et Victor Tardieu

Chaque vente dédiée aux arts de l’ancienne Indochine contient son lot d’artistes désormais reconnus et dont les résultats ne cessent de s’élever. C’était à nouveau le cas avec une œuvre sur soie marouflée sur papier de Vu Cao Dam (1908-2000), Un tableau pour la paix (72 x 58,5 cm), réalisée vers 1949-1950. Reproduite page 43 de la Gazette n° 34 (voir l'article Indochine : Victor Tardieu, Lé Phô et Vu Cao Dam), qui en racontait la genèse, cette peinture portait haut son message d’espoir, à 442 000 € très exactement. Victor Tardieu (1870-1937), le génial instigateur de l’École supérieure des beaux-arts d’Hanoï, présentait une huile rappelant son activité de peintre classique avant celle de directeur. Titrée Les Pommes, étude de nu (60 x 74 cm) et datée 1912, elle était cueillie à 260 000 €. Quant à Lé Phô (1907-2001), ses Jeunes filles au pêcher (35 x 24 cm) conçues à l’encre de Chine sur soie retenaient 78 000 €. Venaient alors les deux œuvres les plus attendues de l’après-midi. Elles étaient signées en idéogrammes sino-vietnamiens «Tran Binh», ce qui est la traduction phonétique de Thang Tran Phenh. Cette signature avait conduit à une attribution incorrecte à Tran Binh Loc, rectifiée pour la vente à la suite de recherches complémentaires. Issu tout comme Vu Cao Dam de la deuxième promotion de l’École des beaux-arts, Phenh est jusque-là demeuré plus discret, ses peintures étant rarissimes sur le marché de l’art. Ayant figuré dans la collection Léopold de Stabenrath, correspondant de guerre sur place entre 1975 et 1997, celles-ci avaient été présentées – et déjà remarquées – en 1932 lors de l’exposition organisée par Victor Tardieu à l’Agence du Gouvernement général de l’Indochine. Le directeur de l’école avait alors pioché parmi ses plus talentueux élèves. Historiques et inédits, c’est dire leur intérêt, le Jeu de cartes et le Sorcier (voir page de gauche) ont été portés à respectivement 780 000 et 715 000 €, soit un record mondial et une deuxième marche sur le podium de leur auteur (source : Artnet). Jusqu’alors, un seul grand format sur soie de l’artiste était répertorié, conservé au musée national de Singapour. La vacation se concluait sur le produit total de 2 934 919 €.