Cheval de bataille de la Wehrmacht durant la Seconde Guerre mondiale, cette voiture amphibie est aussi un 4 x 4 hyper performant. Sensations garanties !
Tous les collectionneurs de véhicules militaires rêvent d’en posséder une. Et pour cause, la VW 166 Schwimmwagen est une voiture mythique, plus convoitée et plus rare que la jeep Willys et la Kübelwagen. Comme seuls 14 276 véhicules très précisément sont sortis de l’usine de Wolfsburg entre 1942 et la fin 1944, il y a peu d’élus ! Aussi, les rares amateurs propriétaires de ce 4 x 4 se réunissent-ils régulièrement pour tester ses performances amphibies et en tout-terrain... C’est à la demande de la direction générale de l’armée de terre allemande que le cabinet d’étude Ferdinand Porsche planche, en juin 1940, sur un engin capable de circuler sur les terrains les plus accidentés, y compris sur l’eau. Selon la feuille de route du constructeur, la voiture devait pouvoir franchir un gué profond de 45 cm minimum ! L’histoire de la Schwimmwagen débute donc aux premières heures de la Seconde Guerre mondiale. Certes, l’armée allemande possède déjà la Trippel SG 6/38, mais cette voiture amphibie est jugée trop lourde par l’unité des pionniers (Génie). Le constructeur autrichien Ferdinand Porsche est déjà l’heureux papa de la Volkswagen ("voiture du peuple"), la fameuse Coccinelle conçue en 1934 à la demande d’Hitler. Pour l’armée, il avait imaginé dès 1939 un véhicule militaire léger, la Kübelwagen. C’est à partir de ce 4 x 2 et son moteur Volkswagen que le constructeur conçoit son projet de 4 x 4 amphibie : la future Schwimmwagen – la voiture qui nage. Plusieurs prototypes verront le jour, dont le modèle 128, «qui ressemble à une kübel rendue étanche et à laquelle on a ajouté une hélice commandée mécaniquement», note Patrick Sarrazin, rédacteur en chef de Véhicules militaires Magazine. Fin 1941 et après plusieurs essais, le type 166 voit le jour, plus court et plus étroit, sans portières. Son habitacle est des plus spartiates, le tableau de bord, réduit à sa plus simple expression. Ajoutez tout de même trois pédales au pied et trois leviers de vitesse, dont un plus petit pour la première vitesse courte. Grosso modo, on pourrait décrire l’engin comme une coque étanche sur laquelle on aurait fixé une hélice à l’arrière et quatre roues motrices permettant de sortir de l’eau dans n’importe quelle position. La ligne de flottaison, elle, se situe juste sous les ailes, les roues faisant office de gouvernail. Notre Schwimmwagen peut accueillir quatre personnes, dont une à l’arrière pour actionner l’hélice. Mais, attention ! Il n’est pas possible de faire marche arrière, sauf en actionnant deux pagaies livrées avec la voiture ! Notre 4 x 4 aligne toutefois 80 km/h sur route, contre 10 sur eau, pour un coût de fabrication de quelque 2 000 Reichsmarks de plus que la Kübelwagen. Fabriqué jusqu’en 1944, le type 166 servira notamment sur le front de l’Est, ainsi qu’en Normandie. C’est d’ailleurs dans cette région que le collectionneur Roger Roudeix, ferrailleur de son état, la récupère. Notre homme, figure de la collection militaire, était une personnalité de Vimoutiers. Son fait d’arme ? Avoir sorti dans les années 70 le fameux char allemand Tiger I de son terrier. Au sujet de la Schwimmwagen, Alain Roudeix racontait à qui voulait entendre l’avoir dérobée au nez et à la barbe de deux Allemands assoupis sous un pommier. En réalité, il l’avait achetée en 1969, lors d’une vente aux Domaines...