Placée sous le signe des tendres maternités de Mai-Thu, une vente dédiée à l’art moderne se concluait par deux enchères notables attribuées à deux pendants signés par le maître vietnamien. Mère et enfant, chagrin : tel était le titre de la première gouache sur soie doublée, peinte en 1961. Portant la signature et cachet de l’artiste en bas à droite, on l’avait aperçue dans la Gazette n° 42 (page 264), mettant en scène une jeune mère consolant son petit garçon. Beaucoup de sentiments donc, servi par une palette subtile alliant le bleu et le jaune, qui formaient un ensemble équilibré justifiant son prix de 77 500 €. Son pendant, intitulé Mère et enfants, caresse, montrait une seconde mère en pied, vêtue de la longue robe fendue le ao dai , et câlinant deux bambins dans la cour d’une demeure traditionnelle, aux piliers de laque rouge. 73 750 € étaient cette fois prononcés sur cette image apaisante.
Quelques années auparavant, avait débuté la passion de Pablo Picasso pour la céramique ; collaborant avec l’atelier Madoura à Vallauris, mené d’une main sûre par la céramiste Suzanne Ramié, l’artiste catalan créera des centaines d’objets utilitaires ou décoratifs, aux lignes souvent anthropomorphes. Le pichet a été le support de ses recherches formelles ; à l’image d’un exemplaire tourné et modelé en terre de faïence blanche, décor polychrome aux engobes, baptisé Femme de l’homme barbu. Ce modèle, créé en 1953, a été tiré à 500 exemplaires, et répertorié sous le n° 193 dans Picasso. Catalogue de l’œuvre céramique , édité par Alain Ramié (éd. Madoura, 1988). Il ne lui en fallait pas moins pour décrocher 47 500 €. Sorti de l’imagination fertile du maître, une petite plaque murale convexe en terre de faïence blanche à fond patiné noir, représentant des Danseurs, se juchait à 6 000 €. Portant le cachet Madoura plein feu et l’empreinte originale de Picasso, et également tirée à 500 exemplaires, on la retrouvait dans le Catalogue de l’œuvre céramique sous le n° 388.