Le chef-d’œuvre architectural conçu à Roquebrune-Cap-Martin par Eileen Gray vient de rouvrir au public, après une longue période d’abandon et cinq ans d’une restauration minutieuse. Un manifeste de la modernité des années 1920.
Pour dénicher l’emplacement parfait de cette «maison en bord de mer» qu’Eileen Gray (1878-1976) et son compagnon, Jean Badovici (1893-1956), appellent de leurs vœux, la designer a parcouru tout le littoral azuréen, de Saint-Tropez à Menton, pour finalement jeter son dévolu sur une parcelle couverte de pins et de lentisques dans la baie de Roquebrune. Certes, le lieu est d’un accès malaisé, coincé entre l’eau et la voie ferrée, et le terrain étroit est planté d’agrumes qui dégringolent jusqu’aux rochers. Mais cette vue époustouflante, l’immensité de la Grande Bleue… En 1926, l’architecte roumain achète le terrain. Eileen Gray se met au travail, dessinant les plans d’une étroite villa rectangulaire de 120 mètres carrés, concevant les meubles, peaufinant la décoration dans ses moindres détails, composant une œuvre d’art totale qui vaut aujourd’hui manifeste de son goût et de son ingéniosité. À cette date, l’Irlandaise de 48 ans est une créatrice renommée. Formée à la Slade School of Fine Art de Londres, elle a appris le dessin à l’atelier Colarossi – par lequel sont passées Jeanne Hébuterne et Camille Claudel – et à l’académie Julian à Paris. Elle a voyagé, a appris l’art de la laque…
com.dsi.gazette.Article : 26129
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