Outre le fait qu’elle porte un ex-libris aux armes des princes du Liechtenstein, cette première édition en allemand des Vitae Patrum doit une partie de sa valeur à sa date d’impression. L’édition la plus célèbre de cet ouvrage, atteignant dix volumes, est en effet celle que l’hagiographe jésuite Heribert Rosweyde (1569-1629) a conduite au début du XVIIe siècle ; or, nous sommes ici en 1482, plus d’un siècle avant ce travail titanesque d’étude, de datation et de classification de toutes les versions précédentes. Cette présente édition strasbourgeoise du XVe siècle offre ainsi d’autres récits, d’autres interprétations, peut-être moins connues, de cette encyclopédie assemblant des écrits hagiographiques sur les Pères et Mères du désert. Ces membres du clergé régulier parfois séculier de l’Antiquité tardive, ayant vécu en communauté ou en ermites dans le désert d’Égypte, sont entrés dans l’histoire pour avoir pesé dans la construction de l’Église catholique. Si l’existence de certains, comme les docteurs de l’Église Athanase d’Alexandrie ou Grégoire de Nazianze, est attestée, nombre de récits se sont transformés en légendes. Leurs sources originelles des écrits grecs des IIIe et IVe siècles ont été augmentées de siècle en siècle. Après avoir été traduits en latin entre les IVe et VIIe siècles, une version italienne en a été livrée au XIVe siècle. Quant à cette édition allemande, illustrée de cent cinquante gravures sur bois coloriées, elle serait due au Pseudo-Jérôme, un nom donné à un auteur anonyme (ou plusieurs), confondu avec saint Jérôme.