Lorsque la littérature et les beaux-arts se rejoignent, Victor Hugo n’est jamais loin. Monstre de la première, il a livré des feuilles qui comptent parmi les plus belles du XIXe siècle. Et ce n’est pas ce dessin au lavis révélant un fantomatique Paysage au burg de 1842, retenu à 46 640 €, qui contredira ce propos. Petit par ses dimensions (9 x 18,7 cm), il est monumental par la présence de ce château fort médiéval, peut-être aperçu lors d’un voyage sur le Rhin – la même année justement – et transposé ensuite avec toute la fantaisie dont l’écrivain était doué. Le beau résultat de cette encre compense la déception ressentie pour les deux importants ensembles de courriers d’Émile Zola (1840-1902) à son épouse Alexandrine (voir l'article-événement Aristophil : en immersion dans la vie créative des auteurs et des artistes de la Gazette n° 12, page 15), qui ne trouvaient pas preneur. Une correspondance en remplaçait une autre… Les quatre-vingts lettres autographes adressées entre 1824 et 1826 par François-René de Chateaubriand (1768-1848) à Cordélia Greffulhe (1796-1847), également comtesse de Castellane, étaient reçues à 69 440 €. La dame a été, peu auparavant, le grand amour de l’auteur des Mémoires d’outre-tombe, lequel a délaissé pour elle Juliette Récamier. Après leur folle passion demeure une tendre amitié, attestée par ces écrits emplis d’une grande affection. Guy de Maupassant (1850-1893) participait à cette saga avec un manuscrit de sa plume d’Une vie. Pouvant être daté entre mars et juin 1878, il s’agit d’un document de travail, un écrit primitif qui se trouve être le plus ancien connu de ce chef-d’œuvre paru en 1883, et donc essentiel à la compréhension de sa genèse. Autant de qualités l’ont porté à 43 400 €. Lorsque deux monstres sacrés échangent, cela peut donner 33 480 €. Cette somme était offerte à une suite de trente-deux lettres envoyées par Gustave Flaubert (1821-1880) à Émile Zola, un nombre conséquent lorsque l’on sait que quarante-trois seulement sont répertoriées. Entre littérature et amitié, l’auteur des missives informe de l’avancement de Bouvard et Pécuchet et dit son admiration pour les romans du second : «Je viens de finir votre atroce & beau livre [La Fortune des Rougon, ndlr] ! J’en suis encore étourdi. C’est fort ! Très fort !».