Hiver, printemps, été, automne et puis hiver… Provenant de sa famille, près de 160 œuvres du peintre des variations de la nature étaient dispersées aux quatre vents du marché.
Annoncée en page 35 de la Gazette n° 13 (voir l'article Victor Charreton en 150 œuvres), la vacation était entièrement consacrée à Victor Charreton. Les 160 peintures accompagnées de sculptures et de mobilier d’atelier, tous conservés par sa famille jusqu’alors, se concluaient sur un produit total de 954 694 €, de nombreux tableaux multipliant les pronostics par deux voire plus encore. Elle s’ouvrait sur un portrait aux crayons de couleur de l’artiste, dessiné par Octave Guillonnet (1872-1967) en 1936 et retenu à 1 690 €. On peut penser qu’il s’agit d’un hommage, le dessin le montrant lors de sa dernière année d’existence avec sa palette de peintre et le regard toujours pétillant, assis devant l’un de ses tableaux. La suite des réjouissances offrait une excursion à travers ses paysages tant aimés, en particulier ceux d’Auvergne, mais ceux de Corse et de Bretagne aussi. Les premiers étaient les plus demandés tant il a offert à sa terre de cœur ses plus belles œuvres. Ce n’était pas une balade irlandaise mais une promenade au cœur des saisons par celui qui, avec la texture particulière de ses toiles et sa touche vibrante, à la limite de l’expressionnisme, n’a cessé d’en suivre le cours. Étonnamment, ce n’est pas une vue enneigée qui a obtenu le plus haut résultat mais cet Éveil du jour, l’aube au jardin, peint à l’huile sur finette. L’été, généreux, y éclosait à 53 300 €, décuplant son estimation. Retour ensuite à des scènes hivernales avec les 45 500 € du Chemin dans l’ombre, neige (132 x 188 cm), de 1911, et les 36 400 € de Chemins en montagne, chemin de Saint-Amant, vallée de la Monne (131 x 189 m) de 1927, choisi pour annoncer la vente. Le musée de Bourgoin-Jallieu, créé en 1929 justement à l’initiative de Victor Charreton et de la municipalité — lequel inclut à son parcours permanent des œuvres de peintres berjalliens —, agissait à quatre reprises : deux fois par acquisition, deux autres par préemption. Ainsi emportait-il moyennant 4 550 € des Bretonnes en plein air (38 x 46 cm), à 5 330 € des Péniches le long d’un canal devant une église (60 x 73 cm), pour 2 600 € une vue de Bruges en hiver (33,5 x 41 cm) et pour la somme que l’on sait, la belle toile des chemins de montagne.