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Vent d’Est en Normandie

Publié le , par Caroline Legrand
Vente le 14 juillet 2017 - 14:15 (CEST) - 14, boulevard Eindhoven - 14400 Bayeux

Un tableau signé Bogdanov-Belsky et provenant de la collection Ziedonis Ligers animera la vente du 14 juillet à Bayeux. L’âme russe a aussi trouvé son chemin au long des côtes normandes !

Nicolaï Petrovich Bogdanov-Belsky (1868-1945), Le Violoniste, huile sur toile signée... Vent d’Est en Normandie
Nicolaï Petrovich Bogdanov-Belsky (1868-1945), Le Violoniste, huile sur toile signée en bas à gauche, 77 x 68 cm.
Estimation : 30 000/50 000 €

Les peintres russes font les beaux jours de l’hôtel des ventes de Bayeux depuis maintenant plus d’une dizaine d’années. L’heureux coupable se nomme Ziedonis Ligers (1917-2001). Celui-ci, Letton d’origine né à Saint-Pétersbourg en pleine Première Guerre mondiale, a étudié à l’Université de Riga. Durant ses années de formation, il visite plusieurs pays européens, dont la France et l’Allemagne. Ethnologue reconnu, il occupe une chaire à l’Université de Riga à partir de 1939. Mais le second conflit mondial va bousculer une nouvelle fois son existence. Ziedonis Ligers décide de quitter son pays en 1944 et de s’exiler en France avec toute sa famille. Sa destination ? Bayeux. Séduit par la région, il y restera toute sa vie. Reçu à l’Académie française des sciences, chercheur au CNRS, il enseigne à la Sorbonne et à la faculté de Caen. La Lettonie occupe une belle place parmi ses sujets de prédilection, mais aussi l’Afrique de l’Ouest, où il effectue de nombreuses expéditions. À côté de cette vie professionnelle d’une grande richesse, Ligers a toujours cultivé une autre passion : l’art. À son arrivée en France, il avait dans ses bagages de nombreuses toiles de peintres russes contemporains, parmi lesquels Konstantin Ivanovich Gorbatov, présent dans cette vente avec un Coucher de soleil sur la Volga de 1919 (4 000/6 000 €), ou Ludolfs Liberts, dont une vue de Venise, Santa Maria della Salute de 1941 est ici estimée 5 000/6 000 €. Ligers laisse un ouvrage consacré à ce peintre letton et a aussi écrit sur Nikolaï Petrovich Bogdanov-Belsky, qui s’illustrait particulièrement au cœur de sa collection. Deux œuvres de cet artiste reconnu depuis sur le marché seront ainsi présentées : un bienvenu Portrait de Ziedonis Ligers (10 000/12 000 €) et ce vieux Violoniste, mendiant dans un parc (30 000/50 000 €), qui résume à lui seul les influences picturales de son travail, se situant entre réalisme populaire et techniques d’avant-garde.
Sur les pas des ambulants
Bogdanov-Belsky a bénéficié de l’héritage de la première génération des peintres «ambulants», menée par Kramskoi, Makovski et Répine, ces artistes opposés à l’enseignement académique de l’école de Saint-Pétersbourg. À partir de 1870, épris de liberté artistique et de réalisme social, ils décident de peindre la Russie telle qu’elle est, avec sa campagne et les gens du peuple. Professeur à l’Académie de Saint-Pétersbourg, Ilya Répine fut l’un des chefs de file de ce mouvement. C’est en 1890 que le jeune Bogdanov-Belsky, né dans une famille de paysans de Smolensk, entre dans son atelier, après avoir fait ses classes à l’école de peinture. Suivant les expositions itinérantes du groupe, il voyage à partir de 1895 dans toute la Russie. Au tournant du nouveau siècle, il se rend un temps à Paris, où il s’inscrit à l’académie privée de Colarossi, rue de la Grande-Chaumière. Sa manière évolue au contact des impressionnistes : il s’initie à la peinture de plein air et use de couleurs claires saturées, tandis que sa touche se fractionne de plus en plus, flirtant même avec le pointillisme. S’écartant de la représentation réaliste de la vie moderne russe, ses portraits tendent désormais vers une sensibilité intimiste.

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