Venise dans les pas de Ponson

On est loin de la ville que l’on connaît aujourd’hui, avec ses bateaux gigantesques et ses foules de touristes… Si le spectacle demeure à couper le souffle, on lui préfère l’atmosphère calme et la lumière douce de ce tableau. Le ciel, d’un bleu presque uniforme, partage l’espace avec l’eau animée de quelques gondoles et les majestueux bâtiments. Reconnaissable dans le fond, l’église baroque Santa Maria della Salute dresse ses dômes flanqués de campaniles en pierre d’Istrie à l’embouchure du Grand Canal, près de la douane de mer dont on aperçoit la célèbre statue de la Fortune juchée sur son globe doré, symbole de la puissante Sérénissime. L’artiste a posé son chevalet sur le quai des Esclaves, près du Ponte della Paglia (le Pont de Paille). De part et d’autre de la place hérissée des colonnes de Marc et Théodore, le palais ducal  emblème de la République  répond avec son imposante architecture gothique à la façade rythmée de vingt et un arcs de la bibliothèque Sansovino, la plus importante de l’État vénitien. Nul doute que l’artiste fut sous le charme. Natif du Var, fils d’un décorateur de théâtre qui lui enseigne les rudiments de la peinture, Raphaël Luc Ponson est réputé pour ses paysages de la côte provençale. Après Marseille, où il suit les cours de l’école pratique de dessin d’Émile Loubon, Ponson se rend à Paris de 1855 à 1856, puis, en Italie où il complète sa formation. Il retourne ensuite à Marseille, dont il peint plages, calanques ou rivages, et œuvre à la décoration de plusieurs salles du Muséum d’histoire naturelle du palais Longchamp. Ses sujets ? Les chutes du Niagara, la mer de Glace, la forêt amazonienne, les amandiers du Vaucluse, les arbousiers du Var…