Le bon tabac, pour lequel de beaux objets ont été conçus, continue d’exercer sa fascination sur les collectionneurs.
Ce précieux objet de vitrine a fait partie de deux collections renommées, celles d’Arturo López -Willshaw (1900-1962) et de Jaime Ortiz-Patiño (1930-2013) : une belle antériorité pour une tabatière en or décorée en émaux polychromes de scènes galantes pleinement dans le goût du XVIIIe siècle, ouverte à 48 100 €. Celle-ci a été exécutée à Paris en 1757 par le maître orfèvre Jean-Baptiste Bertin, reçu dix-sept ans auparavant et qui travaillait rue Saint-Louis. Les bien dits «objets de vertu» sont alors d’un extrême raffinement et recherchés par toute la bonne société. La consommation croissante de tabac entraîne la création de modèles de luxe d’une grande variété. La plus imposante – et assez rare aujourd’hui – est celle de table, les plus petites se glissant dans les poches des vêtements afin d’être à la portée dès que l’envie de priser venait. Le musée Cognacq-Jay, qui en possède un fort bel ensemble, écrit dans son catalogue que «le choix en la matière était des plus vastes» : tabatière à deux tabacs, modèle d'avare qui ne permet qu’une seule prise ou encore de plaisantin avec ses deux orifices empêchant les doigts du priseur de se rejoindre, parmi bien d’autres. Il en existait pour chaque moment de la vie : mariage, deuil, bal, chasse… À l’époque, on les recevait en cadeau ou en récompense et on les collectionnait. Aujourd’hui, on les achète – cher – et on les collectionne encore.