Daté de la fin du Moyen Empire, cet objet a survécu sans trop d’encombres à plus de trois mille ans. Un véritable exploit pour une sculpture en bois !
Les statues de ce matériau sont très peu nombreuses à être parvenues jusqu’à nous. De quoi donner une valeur toute particulière à ce portrait de notable debout, marchant. D’un grand réalisme, l’œuvre décrit avec douceur et naturalisme les traits fins d’un homme au corps androgyne. Un véritable petit bijou, qui attire d’autant plus l’attention que les sculptures en bois de l’Égypte antique étaient souvent d’un aspect bien plus rustique. Nombreuses à l’époque du Moyen Empire, ces statuettes étaient bien souvent accompagnées de bateaux, maquettes de grenier et serviteurs. Autant d’objets qui permettaient au défunt d’effectuer son voyage vers l’au-delà, mais aussi de subsister une fois arrivé dans sa nouvelle vie. À la vue de cette pièce, on devine que son propriétaire et commanditaire devait être un personnage important, certainement un haut fonctionnaire ou un noble castes qui prirent de plus en plus d’importance au Moyen Empire et réussirent au prix d’une véritable évolution sociale à obtenir les mêmes privilèges, notamment funéraires, que les membres de la famille royale. On rappellera ainsi, de cette même période, l’impressionnante statue du chancelier Nakhti en acacia, de 179 cm de hauteur, trouvée lors de fouilles à Assiout, en 1903, et aujourd’hui conservée au musée du Louvre. Que ce soit sa perruque courte bouclée ou son pagne «shendjit», tous les éléments stylistiques de notre œuvre plaident pour la datation de la fin du Moyen Empire, que confirment les études en laboratoire… en attendant les derniers résultats d’analyse, qui devraient permettre d’identifier le bois utilisé, certainement l’amandier, un arbre apprécié par les artistes égyptiens à cette époque. Un élément qui pourrait constituer une garantie supplémentaire, mais dont n’eut pas besoin l’archéologue Gaston Maspero (1846-1916), son ancien propriétaire. Les actuels possesseurs l’ont ainsi achetée en novembre 1989 auprès de sa descendante Marianne Maspero. À qui le tour ?