Totalisant 812 000 €, cette vente se hisse parmi les plus grands succès de la maison bellifontaine dans la catégorie bijoux. Les enchères allaient bon train en salle comme au téléphone, où les lignes internationales étaient nombreuses. 87 500 € étaient ainsi décrochés par un diamant de 4,06 ct sans fluorescence et arborant une couleur G et une pureté IF monté en solitaire sur une bague en platine au poinçon de Marchak. Fuyant Kiev, le joaillier d’origine russe s’installa à Paris en 1918 ; il ne fallut que deux ans pour que sa réputation traverse l’Atlantique. Ce diamant, remarqué pour son eau, était fortement concurrencé par les pierres de couleur. L’une d’elles, en particulier, créait l’effervescence : cette émeraude, emportée à près du triple de son estimation. Outre sa taille imposante, elle vient en effet de Colombie, dont la terre abrite les plus riches gisements de béryl vert. Il faut aller à cent kilomètres au nord de Bogota pour trouver celui de Muzo, qui a livré les plus belles gemmes, son rival Coscuez se situant non loin. Les noms des sites d’exploitation révèlent leur histoire, à l’image de Somondoco, «dieu des pierres vertes» dans la langue locale, qui fut repéré par l’Espagnol Gonzalo Jiménez de Quesada dès 1537. Des cargaisons de pierres sont dès lors chargées sur des vaisseaux. Une épave, coulée en 1756 au large de la Floride et découverte en 1993, a livré son trésor : près de 25 000 ct de pierres taillées et autant de cristaux agglomérés, mais surtout la «Reine Isabelle», une émeraude de 964 ct, plus grande que la main d’Hernán Cortes auquel elle a appartenu… Édouard Aimé Arnould sélectionnait quant à lui un rubis venu de Birmanie, pour la bague art déco sur laquelle il apposait son poinçon de maître orfèvre. Un choix judicieux, celle-ci, attendue au plus haut à 10 000 €, se voyant propulsée à 76 250 €. Taillée en coussin, la pierre est rehaussée d’un entourage de dix diamants huit-huit, en serti grain sur platine.