Une chatte égyptienne au panthéon des déesses

Imperturbable sous le feu des enchères de la salle des ventes parisienne, et hiératique comme au jour de sa naissance dans l’Égypte de l’époque saïte, cette statue de chat assis représentant la déesse Bastet dépassait le million, jouant de ses griffes à 1 023 400 € très précisément. La féline avait fait grand effet en couverture de la Gazette n° 41 (voir l'article Bastet : une déesse égyptienne en forme de chatte) et à l’Hôtel Drouot, où elle était exposée lors des temps forts. La fiche très complète de l’expert insistait sur la rareté des œuvres de cette dimension – autour de 28 cm de hauteur – et de cette qualité plastique. Les enchérisseurs l’ont consacrée. La dispersion de la collection Jean Bouvier (1924-2022) se poursuivait avec de belles pièces Haute Époque, dont le cabinet (148 x 92,5 x 46 cm) anversois en ébène, orné de peintures attribuées à Isaac Van Oosten (1613-1661) et de broderies, objet de l’Avant-Première de la Gazette n° 43 (voir l'article Un cabinet flamand orné de peintures attribuées à Isaac van Oosten de la page 32). Ce meuble, conçu comme un théâtre, délivrait ses secrets à 80 600 €. Une tête d’ange (h. 21,5 cm) extraite de la pierre calcaire dans un atelier d’Utrecht vers 1500 émouvait à 20 800 €, un saint Sébastien (h. 89 cm) à la cage thoracique proéminente en tilleul, exécuté dans le sud de l’Allemagne au XVe siècle, se contorsionnait à 10 400 € et trois enfants (h. 54 cm) en noyer sculpté en ronde bosse sortaient de leur saloir pour le même montant. Ce groupe, réalisé en Touraine au milieu du XVe siècle, est un élément de la représentation de saint Nicolas. Amateur de curiosités, Jean Bouvier était également peintre et plusieurs de ses toiles, à la touche duveteuse et dégageant une grande poésie, étaient accrochées aux cimaises. Une vue de Downtown, Manhattan (120 x 73 cm) traduite en 1991 dans des tons pastel obtenait 3 900 € et Futaie, ciel rose (145,5 x 72 cm) de 1996, à la gamme tout aussi douce, 3 250 €. Leur auteur disait : «Plus on peint, plus on voit ; plus on voit, plus on a envie de peindre. »