Si les ivoires indo-portugais sont fréquents, les modèles hispano-philippins le sont beaucoup moins. Un saint Sébastien en offrait un exemple.
Voilà bien un saint qui a traversé les frontières sans perdre une flèche ! La figure de Sébastien, martyr chrétien, parle à tous et les missionnaires se rendant à l’autre bout du monde pour évangéliser s’en sont servis pour frapper les esprits. Aux Philippines, comme à Goa et à Macao, la présence occidentale entraîne l’ouverture d’ateliers de sculpture sur ivoire. Mais, dans ce pays profondément catholique, la production s’ancre essentiellement dans l’art religieux : Marie-Madeleine, la Vierge, l’Enfant Jésus, Pierre ou encore Sébastien se trouvent ainsi statufiés. Cette œuvre d’une grande vérité, criblée de 50 560 €, illustre la qualité atteinte par les artisans en place. Une fabrication originale qui montre à la fois une grande habileté et une certaine naïveté. Les galions qui traversaient les océans depuis Manille partaient les cales remplies de ces trésors et d’autres, pour répondre à la demande sans cesse croissante des marchés européen et mexicain. Ils déchargeaient leur cargaison à Acapulco, dont une partie était réservée au commerce local, l’autre repartant via Veracruz, par la flotte des Indes, vers le royaume espagnol. Pas de reconnaissance en revanche pour le Portrait de Catherine II de Russie, une reprise par un artiste de l’école russe du XVIIIe siècle de celui de Virgilius Eriksen, voir l'article Une reprise de Catherine II de Russie reproduit page 87 de la Gazette no 23 du 14 juin.