L’émail rouge sang de boeuf est l’une des signatures de Pierre-Adrien Dalpayrat, à tel point qu’on le nomme souvent «rouge Dalpayrat». Le céramiste, que son travail à la frontière de l’art nouveau et de ceux d’Extrême-Orient a rendu célèbre, pouvait se vanter d’avoir percé le mystère de cette fascinante couleur, maîtrisée depuis des siècles par les Chinois. Il réussit en effet à obtenir cette teinte et ces effets flammés sur un grès pourtant très résistant, grâce à l’oxydation du cuivre ainsi qu’à une maîtrise parfaite de l’atmosphère et de la durée de cuisson. Au-delà du rouge apparaissent des nuances de vert ou de gris de plomb, qui offrent de la profondeur à la pièce. Cette invention plusieurs fois saluée aux Expositions universelles et au Salon de la Société nationale des beaux-arts, mais aussi à la galerie Georges Petit couronne une belle carrière, débutée à Limoges dans sa ville natale, où Dalpayrat apprit le métier avant de parcourir la France. En tant que peintre itinérant, il collabora au travail de nombreuses manufactures, de Bordeaux chez Jules Vieillard à Monaco, en passant par Toulouse. Il s’installe finalement en 1890 à Bourg-la-Reine. D’abord céramiste indépendant, il s’associe ensuite avec Adèle Lesbros, qui l’aide financièrement dans ses recherches dispendieuses sur les grès flammés. Mais son atelier est le plus souvent dans une situation financière difficile. Finalement, en 1906, il se retire à Limoges, où il finira sa vie comme peintre.