Fondée il y a deux siècles et demi, la maison Érard demeure une référence. Les plus grands interprètes et compositeurs classiques et romantiques ont joué sur ses instruments, que l’on se dispute encore.
Sébastien Érard (1752-1831) crée son premier piano-forte en 1777. Par ses innovations techniques et mécaniques, dont l’échappement double ou le pédalier, il invente le piano tel qu’on le connaît encore aujourd’hui. S’il est d’abord hébergé chez la duchesse de Villeroy, il établit ensuite sa société au 13, rue du Mail à Paris, en 1781. Après avoir émigré à Londres durant la Révolution, Sébastien revient en France et relance sa production, bientôt avec l’aide de son neveu Pierre (1796-1855), qui prendra la direction de l’entreprise en 1831. La marque connaît son apogée au XIXe siècle. Franz Liszt ou Gabriel Fauré comptent parmi ses fervents utilisateurs, de même que nombre de mélomanes amateurs et de grands collectionneurs d’instruments, à l’image du comte Jean-Joseph Valéry, grand-oncle du poète Paul Valéry, qui acheta cet exemplaire en mars 1875. Ce modèle a été fabriqué de 1849 à 1902 à 485 unités, et présenté à l’Exposition universelle de Vienne en 1873. Le comte, qui dirigeait la compagnie de navigation maritime Valéry frères et fils, fut également président de la chambre de commerce de Bastia, en 1859, puis sénateur de Corse de 1876 à 1879. Sa fille, Marie-Antoinette, épouse du comte Jean de Béarn, obtiendra le piano par héritage. Gaston de Béarn le récupèrera à son tour et y fera apposer son sceau.