On n’avait pas eu l’occasion de voir un aussi beau masque fang depuis longtemps : cet exceptionnel exemplaire a été couronné, avant que ne brillent les pépites de la collection Jeanne Tachard.
5 250 000 € : c’est l’enchère vertigineuse inscrite par le masque fang de la société du Ngil qui avait fait la couverture de la Gazette n° 4, et ce, à partir d’une estimation haute de 400 000 €… C’est également le deuxième meilleur prix pour un masque de ce type depuis la vente de la collection Vérité, où l’un de ses semblables avait enregistré 5,75 M€ le 17 juin 2006. L’artefact, fabriqué au Gabon à la fin du XIXe siècle, a été rapporté de ce territoire par le gouverneur René Fournier (1873-1931). L’objet (h. 55 cm), convoité par dix enchérisseurs, a été acquis par un collectionneur européen… après l’interruption de la vente par un spectateur réclamant le retour du masque dans son pays d’origine ! Autre remarquable lot d’origine africaine présent : le siège fon (h. 75 cm) de l’ancien royaume du Dahomey (Bénin), faisant partie des souvenirs de Jeanne Tachard (1870-1963), dont la dispersion a totalisé 706 000 €. La collectionneuse était une grande commanditaire de Pierre Legrain (voir l'article Jeanne Tachard, le choix de la modernité de la Gazette n° 10, page 14), qui s’est inspiré de cette assise originelle pour sa fameuse curule de 1924 ; elle s’est envolée ici jusqu’à 88 750 €. Quant au siège clouté du peuple ngombe (Gabon, 60 x 22 x 47 cm), il requérait 55 000 €. Tous les objets provenant des villas de Jeanne Tachard, à La Celle-Saint-Cloud ou à Sainte-Maxime, ont été vivement ferraillés ; et en particulier, des toiles arborant des encadrements modernistes par Legrain, tels Les Poissons de Cossio (cadre 75 x 126 x 8 cm), exposés à la galerie La Renaissance en 1929, partis à 51 250 €, et Composition cubiste à l’oiseau (50 x 34,5 cm) d’Ángel Zárraga, récompensée par 42 250 €. Une toile de Jean Lurçat représentant un Homme de dos (125 x 82 cm) a inscrit le score notable de 39 375 €. Enfin, provenant d’une autre collection, le vase balustre d’Émile Gallé (voir l'article Émile Gallé : intercalaires et applications de la Gazette n° 11, page 142), orné d’épaisses coulées sombres (h. 59,5 cm), a recueilli pas moins de… 88 750 €, à partir d’une estimation haute de 8 000 €.