L’un des ouvrages emblématiques de l’ornithologie du XIXe siècle, ayant appartenu à un spécialiste du genre, chantait d’une voix mélodieuse.
Surnommé «l’oiseau-mouche», le colibri est l’un de ces petits miracles de la nature, minuscule mais si costaud qu’il est capable d’effectuer cent battements d’ailes à la seconde. Sujet de la reine Victoria ayant une entreprise de taxidermie à Londres, John Gould se passionne pour leur physionomie (voir l'article Focus sur un oiseau miniature page 73 de la Gazette n° 44) et en réunit une vaste collection comptant plusieurs centaines de spécimens. Cet ensemble va lui permettre de réaliser une monographie leur étant entièrement consacrée, illustrée de 418 lithographies somptueusement mises en couleurs, certainement par M. Bayfield – l’homme est remercié dans la préface. L’artiste a simulé les plumes par une technique mêlant peintures minérales et feuilles d’or, avant de les recouvrir d’un vernis ou d’une huile transparente, faisant qu’on les croirait vraies ! L’exemplaire ici proposé, et retenu à 99 680 €, a été publié en vingt-cinq parties entre 1849 et 1861, réunies ensuite en cinq volumes, et s’est vu gratifier d’un sixième tome paru entre 1880 et 1887, soit après le décès de l’auteur. Last but not least, il a appartenu à la bibliothèque de Christian Jouanin (1925-2014), un éminent ornithologue auquel on doit notamment la découverte du Bulweria fallax, aujourd’hui connu comme «pétrel de Jouanin». Reconnu par ses pairs pour son humanisme et son érudition, il possédait, outre sa bibliothèque de travail, l’une des plus belles collections de colibris, aujourd’hui au musée des Confluences de Lyon.