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Un léopard de Bugatti frémissant de vie

Publié le , par Anne Doridou-Heim
Vente le 17 mars 2023 - 14:30 (CET) - Salle 2 - Hôtel Drouot - 75009

Marchant vers un succès annoncé, ce félin en bronze joue des nuances de ses patines et de la nervosité de sa musculature pour séduire.

Rembrandt Bugatti (1884-1916), Petit léopard marchant, bronze à patine nuancée de... Un léopard de Bugatti frémissant de vie
Rembrandt Bugatti (1884-1916), Petit léopard marchant, bronze à patine nuancée de bruns, signé sur la terrasse, cachet du fondeur «cire perdue A.A Hébrard», numéro de tirage «6», 20 49 11 cm.
Estimation : 200 000/300 000 €. 
Adjugé : 384 000 €

Inédit sur le marché, cet exemplaire avance indifférent à l’environnement dans lequel il évolue. On le croirait d’ailleurs dans la savane qui l’a vu naître, à humer les parfums prometteurs en gibier. Ce fier félin n’a rien perdu de sa superbe… Il faut dire que son modèle n’a pas été exécuté par n’importe quel animalier du tournant du XXe siècle mais par Rembrandt Bugatti, le sculpteur au destin tragique dont les œuvres atteignent des sommets aux enchères depuis une vingtaine d’années et dont le style nerveux est le préféré des collectionneurs. Numérotée 6, cette fonte est munie de son certificat de Véronique Fromanger, autrice du catalogue raisonné de l’artiste. Nous sommes pour l’heure en 1912 et il a ici choisi un Petit léopard marchant. Évidemment, l’artiste l’a confié à son complice Adrien-Aurélien Hébrard, avec lequel, et ce depuis un contrat signé le 10 juillet 1905, il collabore en toute exclusivité. Mettant les compétences de ses techniciens et la qualité de la cire perdue au service de son jeune poulain, le fondeur traduit magnifiquement dans différentes nuances de patine la puissance de la musculature, la lumière qui se reflète sur le pelage et la vision synthétique unique des volumes. L’animal est là, non figé mais vivant. Rembrandt est le fils de Carlo Bugatti, auteur d’un mobilier renommé et unique, et le frère d’Ettore, qui laissera son nom à de mythiques voitures. Les fées se sont penchées sur son berceau, son oncle le peintre Giovanni Segantini ayant lui-même choisi son prénom pour encourager le sort. Dans cet univers indépendant et artistique, le jeune homme trouve sa voie, qui sera la sculpture animalière. En 1903, il déménage à Paris. Au Jardin des Plantes, après avoir débuté avec les espèces domestiques, il se passionne pour le monde sauvage. Point d’héroïsme ni de symbolisme dans ses représentations, ses sujets étant traduits avec justesse et spontanéité. En 1907, la Société royale de zoologie, séduite par son travail, l’invite à résider à Anvers. Pour être plus proche encore de ses modèles à poil, à plume et à écaille, il installe son atelier dans le zoo de la ville. On a déjà beaucoup écrit sur son amour des animaux et tout particulièrement des fauves, auxquels le sculpteur a dédié le meilleur de son art, agissant en empathie avec eux. Et pourtant, à chaque apparition de l’une de ses pièces, on est toujours autant ébloui. Disparu à 31 ans, l’artiste a travaillé moins de quinze ans, mais, acharné, a laissé plus de 300 œuvres. En 1910, le critique Louis Vauxcelles écrivait déjà : «Vous vous rappelez [c]es bronzes souples et frémissants de vie du jeune animalier Rembrandt Bugatti». Comment les oublier ?

vendredi 17 mars 2023 - 14:30 (CET) - Live
Salle 2 - Hôtel Drouot - 75009
Blanchet & Associés
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