L’ascension aux enchères du modèle Étoile d’Alberto Giacometti ne semble pas près de s’arrêter. Un nouvel exemplaire certifié par la fondation dédiée au travail de l’artiste s’annonce, conservé dans la même collection depuis les années 1980.
Il est devenu incontournable des ventes aux enchères d’arts décoratifs du XXe siècle, une œuvre emblématique du travail d’Alberto Giacometti dans ce domaine, au modèle d’origine créé vers 1935. Certifié par le Comité Giacometti, cet exemplaire a été découvert à l’occasion d’une succession dans une maison toute simple de la Lozère. Sa propriétaire, passionnée d’antiquités dans les années 1980, l’avait acheté certainement lors d’une foire ou chez un marchand de la région parisienne (la facture n’a pas été retrouvée) à une époque où les prix de ces pièces étaient bien loin de ceux d’aujourd’hui. Mais elle savait parfaitement qu’elle avait acquis une œuvre d’importance : elle avait ainsi surveillé dans les années suivantes la cote de son bien, conservant notamment un article publié dans la Gazette en 2005 sur un lampadaire Étoile estimé 40 000 €, et qu’elle avait annoté de sa main « invendu »… Depuis, les sculptures longilignes d’Alberto Giacometti ont connu une formidable ascension, et les luminaires ont suivi. Ainsi, le 13 avril 2022, un exemplaire de notre modèle s’est vu adjugé 415 800 € à Paris, fort d’une provenance prestigieuse, celle de la collection de Pierre Matisse (Christie’s). Outre une œuvre originale d’un artiste hors norme, l’objet est également l’emblème de toute une époque. En effet, dans les années 1930, Jean-Michel Frank était un décorateur recherché, son style art déco à la fois épuré et élégant faisant des adeptes. Et ce dernier, qui ouvrit sa boutique en mars 1935 rue du Faubourg Saint-Honoré à Paris, ne devait concevoir jusqu’à sa mort, survenue en 1941, aucun intérieur sans un élément ornemental signé Giacometti. Alberto et son frère Diego, son fidèle collaborateur, ont créé pour le décorateur près d’une centaine de modèles de lampes, appliques et suspensions, représentant la moitié de sa production, mais aussi des vases et des éléments mobiliers, comme des chenets et des miroirs. Des ouvrages aussi importants pour Alberto Giacometti que ses sculptures, les deux domaines s’influençant avec bonheur.