Le regard légèrement tourné vers la gauche, les yeux perdus dans le lointain, l’homme ici modelé semblait indifférent au duel qui opposait les enchérisseurs pour se saisir de son image. Ce buste en plâtre peint d’un révolutionnaire, modestement estimé 200/300 €, tombait finalement dans l’escarcelle du plus combatif contre 14 300 €. Peut-être y a-t-il reconnu – ou crut-il y voir – le portrait d’un homme dont il est un admirateur invétéré ? Sa veste à haut col et riche passementerie imitant les feuilles de chêne, que complètent des boutons arborant un bonnet phrygien, laisse supposer qu’il s’agit d’une personne importante. Son visage, à la chevelure ondulée et aux favoris frisés, n’est pas sans rappeler celui du général Louis-Lazare Hoche (1768-1797), dont il existe plusieurs portraits et gravures le représentant vêtu de manière quasi identique. Figure de la Révolution française, ce fils d’un palefrenier du roi est nommé en 1793 général de division et commandant de l’armée de Moselle. Vainqueur des chouans, ennemi des royalistes, il est avec Bonaparte – dont il est néanmoins un adversaire – un acteur important du coup d’État du 18 fructidor an V (4 septembre 1797) conduisant au renversement du Directoire, passé aux mains des royalistes. Hoche mourra quelques jours plus tard, à 29 ans seulement, de causes indéterminées. Aux cimaises, une toile attribuée à Charles Lepeintre (1735-1803) mettant en scène Le Futur Philippe Égalité avec sa femme et leurs enfants au Palais-Royal (74,5 x 69,5 cm) attirait 8 060 €. Le château de Versailles en conserve une version, copie réalisée au XIXe siècle par Édouard Cibot d’après l’original de Lepeintre sur une commande de Louis-Philippe. Bien qu’aujourd’hui non localisé, celui-ci est connu par une série de gravures qu’en a fait Augustin de Saint-Aubin. Élève de Jean-Baptiste Marie Pierre, Charles Lepeintre est reçu à l’Académie de Saint-Luc le 3 juin 1775. Ayant réalisé de nombreux portraits de la famille d’Orléans, il fut aussi peintre du duc de Chartres.