Drouot fait souvent office de dressing pour le musée des Arts décoratifs, qui y a cette fois préempté une tenue d’homme garnie de boutons à rébus.
De belle tenue, un habit d’homme affichait ses sentiments amoureux sur ses boutons. En effet, la veste longue, taillée dans un velours de soie épinglé d’un beau bleu roi, est agrémentée de dix-sept boutons peints de savoureux rébus formant une ode à l’amour dédiée à l’élue du cœur du jeune commanditaire. Il y est écrit : «En elle tout plaît, J’ai eu son cœur tout neuf, Elle brille tant par sa beauté…» Cela se passait dans les années 1785-1788, juste avant la Révolution, lorsque la vie des jeunes gens de belle famille était aisée et leurs préoccupations légères. Une époque aussi où les boutons prennent une grande place, que l’élégance commande de changer fréquemment. Le plus souvent en verre légèrement bombé cerclé de cuivre, ils sont décorés de motifs des plus variés, paysages, scènes de genre, portraits, mais aussi rébus. Le musée des Arts décoratifs jouait les valets de cœur et ajoutait aussitôt ce vêtement galant à ses collections en le préemptant pour la somme de 16 900 €. L’habit à la française brodé dit «du roi Louis XVI», comportant gilet et culotte, reproduit page 81 de la Gazette n° 42 (voir l'article L’habit fait l’homme), partait sans donner de réponse définitive sur le nom de l’homme – souverain ou simple gentilhomme – pour lequel il a été conçu. Il avançait du même pas – 22 100 € – qu’une robe à la française aux manches en pagode et manteau à plis plats dits «Watteau», en taffetas chiné à la branche, vers 1765.