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Un goût sûr pour le XVIIIe siècle délicieusement saupoudré d’orfèvrerie

Résultat 204 800 EUR
Publié le , par Anne Doridou-Heim
Vente le 29 janvier 2020 - 14:00 (CET) - Salle 1-7 - Hôtel Drouot - 75009

Plus de 1 M€ ont applaudi la collection de Renée et Louis Biron, emmenée par un beau portrait d’Houdon par Restout et un rare ensemble d’argenterie axé sur les pièces régionales.

Jean-Bernard Restout (1732-1797), Portrait du sculpteur Houdon, huile sur sa toile... Un goût sûr pour le XVIIIe siècle délicieusement saupoudré d’orfèvrerie
Jean-Bernard Restout (1732-1797), Portrait du sculpteur Houdon, huile sur sa toile d’origine, 56 43 cm.
Adjugé : 204 800 


Le succès ne se faisait pas attendre. Dès le numéro 2, la salle comble et les téléphones se disputaient longuement pour emporter une toile du XVIIIe siècle qui avait le double mérite d’être peinte par Jean-Bernard Restout (1732-1797) – une figure particulière dans l’art de l’époque pour sa rupture avec l’Académie – et de représenter le sculpteur Jean-Antoine Houdon (voir ci-contre ainsi que l'article Collection Biron, la parole est d’argent page 54 de la Gazette no 3). L’estimation de l’œuvre, il faut le reconnaître, était des plus raisonnables tant ses qualités étaient grandes. Le marché a rectifié le tir : 204 800 € venaient l’honorer et décrochaient un record mondial (source : Artnet). Le mod èle y tient sans doute un beau rôle… Le couple de collectionneurs possédait d’ailleurs de lui une maquette en plâtre patiné (h. 22,3 cm) du célèbre Voltaire assis, saluée de 11 520 €.
Plébiscite pour l’orfèvrerie
La section d’argenterie était précieuse et attirait de nombreux regards sur les soixante-dix pièces la composant. Réunies depuis le début des années 1970 «directement auprès des plus grands spécialistes comme la galerie Baur ou le collectionneur David-Weill», selon Claire Badillet et Édouard de Sevin, elles totalisaient 365 536 €. L’originalité de cet ensemble réside dans l’importance accordée, aux côtés de belles réalisations parisiennes, à la scène provinciale, un domaine encore assez peu étudié en histoire de l’art. Et pourtant ! «Si leur qualité de production s’avère aussi élevée qu’à Paris, ces pièces fabriquées en régions s’avèrent bien plus créatives ! Parce qu’ils n’étaient pas soumis aux mêmes exigences et règles que les orfèvres parisiens, qui devaient répondre aux attentes de la cour et aux modes royales, les maîtres artisans de province étaient bien plus libres dans leurs choix esthétiques», ajoutent les experts. Les résultats obtenus confortent ces propos : 51 200 € complimentaient au plus haut une saupoudreuse de Morlaix (reproduite page de gauche), 32 000 € en saluant une autre ciselée quant à elle à Saint-Omer (h. 23,5 cm, poids 492,20 g) en 1760 – une époque où ce type d’accessoire avait été supplanté par le sucrier que nous connaissons encore –, 26 880 € s’inclinant pour une suite de quatre jattes de Trévoux (voir également page de gauche) et 12 160 € pour une paire de bougeoirs de la maître orfèvre dijonnaise Éléonore Pidard, une singularité tant les femmes ne sont pas légion dans cette spécialité.

Le nom de Trévoux est peu connu si ce n’est des spécialistes. Cependant, ce centre majeur d’affinage des métaux précieux fut jusqu’en 1762
Le nom de Trévoux est peu connu si ce n’est des spécialistes. Cependant, ce centre majeur d’affinage des métaux précieux fut jusqu’en 1762 la capitale de la principauté de Dombes et, à ce titre, politiquement indépendant de la couronne de France. Il a donc bénéficié d’un statut privilégié et développé une offre d’orfèvrerie civile de grande qualité. Cette suite de quatre jattes carrées à contours prononcés et côtes pincées (25 25 cm, poids 3061 g), insculpées entre 1759 et 1771, en est un bel exemple. Ces pièces dues au maître Dominique Chantel étaient récompensées de 26 880 €.
Voir un bel exemple d’orfèvrerie datant du règne de Louis XIV est toujours un plaisir tant le regret des fontes somptuaires reste intense.
Voir un bel exemple d’orfèvrerie datant du règne de Louis XIV est toujours un plaisir tant le regret des fontes somptuaires reste intense. Cet objet remonte au tout début du XVIIIe siècle (entre 1704 et 1706 exactement), et fut réalisé à Morlaix – commune régulièrement citée pour la qualité de ses maîtres orfèvres – par François de Saint-Aubin, entré dans la profession à Brest deux ans plus tôt mais référencé dans cette ville dès 1695. Il s’agit là d’un modèle de saupoudreuse de forme balustre, reposant sur un piédouche circulaire mouluré de godrons (h. 22,5 cm, poids 516,8 g), reçu comme il se devait à 51 200 €.



 

Du pur Louis XV ! Rien ne manque à cette paire de bougeoirs (h. 25 cm, poids : 1 530,3 g) : ni les filets et coquilles feuillagées se prol
Du pur Louis XV ! Rien ne manque à cette paire de bougeoirs (h. 25 cm, poids : 1 530,3 g) : ni les filets et coquilles feuillagées se prolongeant dans la doucine,
ni l’ombilic à côtes torses, ni les coquilles se développant sur le fût et le piédouche…
Last but not least, leur auteur est l’orfèvre parisien Alexis Loir, reçu maître en 1733. Toutes ces informations témoignent d’une création typique des années 1744-1745, soit le cœur du règne du Bien-Aimé, qui a brillé à 35 840 €.
L’orfèvrerie parisienne ne se laissait pas éclipser – il faut dire qu’elle dispose de nombreux atouts. Cette soupière, que l’on découvrait
L’orfèvrerie parisienne ne se laissait pas éclipser – il faut dire qu’elle dispose de nombreux atouts. Cette soupière, que l’on découvrait en page 56 de la Gazette no 3 du 24 janvier, laissait échapper un délicat fumet de 21 120 €. Réalisée en 1786 par Jean-Pierre Charpenat, reçu maître en 1782, cette pièce de poids (3 330 g) et de belle taille (36,7 21 29,7 cm) développe un décor inspiré des ouvrages de Robert Joseph Auguste et de Charles Spriman, et porte les armoiries de Jacques Marin de Bourgon ainsi que de son épouse. Militaire de carrière, l’homme fut nommé le 14 juin 1789 gouverneur de Cayenne et de Guyane française, poste qui le tint à l’écart des tourmentes révolutionnaires.


 

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