Plus de 1 M€ ont applaudi la collection de Renée et Louis Biron, emmenée par un beau portrait d’Houdon par Restout et un rare ensemble d’argenterie axé sur les pièces régionales.
Le succès ne se faisait pas attendre. Dès le numéro 2, la salle comble et les téléphones se disputaient longuement pour emporter une toile du XVIIIe siècle qui avait le double mérite d’être peinte par Jean-Bernard Restout (1732-1797) – une figure particulière dans l’art de l’époque pour sa rupture avec l’Académie – et de représenter le sculpteur Jean-Antoine Houdon (voir ci-contre ainsi que l'article Collection Biron, la parole est d’argent page 54 de la Gazette no 3). L’estimation de l’œuvre, il faut le reconnaître, était des plus raisonnables tant ses qualités étaient grandes. Le marché a rectifié le tir : 204 800 € venaient l’honorer et décrochaient un record mondial (source : Artnet). Le mod èle y tient sans doute un beau rôle… Le couple de collectionneurs possédait d’ailleurs de lui une maquette en plâtre patiné (h. 22,3 cm) du célèbre Voltaire assis, saluée de 11 520 €.
Plébiscite pour l’orfèvrerie
La section d’argenterie était précieuse et attirait de nombreux regards sur les soixante-dix pièces la composant. Réunies depuis le début des années 1970 «directement auprès des plus grands spécialistes comme la galerie Baur ou le collectionneur David-Weill», selon Claire Badillet et Édouard de Sevin, elles totalisaient 365 536 €. L’originalité de cet ensemble réside dans l’importance accordée, aux côtés de belles réalisations parisiennes, à la scène provinciale, un domaine encore assez peu étudié en histoire de l’art. Et pourtant ! «Si leur qualité de production s’avère aussi élevée qu’à Paris, ces pièces fabriquées en régions s’avèrent bien plus créatives ! Parce qu’ils n’étaient pas soumis aux mêmes exigences et règles que les orfèvres parisiens, qui devaient répondre aux attentes de la cour et aux modes royales, les maîtres artisans de province étaient bien plus libres dans leurs choix esthétiques», ajoutent les experts. Les résultats obtenus confortent ces propos : 51 200 € complimentaient au plus haut une saupoudreuse de Morlaix (reproduite page de gauche), 32 000 € en saluant une autre ciselée quant à elle à Saint-Omer (h. 23,5 cm, poids 492,20 g) en 1760 – une époque où ce type d’accessoire avait été supplanté par le sucrier que nous connaissons encore –, 26 880 € s’inclinant pour une suite de quatre jattes de Trévoux (voir également page de gauche) et 12 160 € pour une paire de bougeoirs de la maître orfèvre dijonnaise Éléonore Pidard, une singularité tant les femmes ne sont pas légion dans cette spécialité.