Le nouvel opéra de Paris, voulu par Napoléon III dans sa capitale redessinée, et conçu par Charles Garnier, se devait d’afficher sur sa façade des œuvres des meilleurs sculpteurs du temps. Aussi l’architecte va-t-il commander, en 1863, quatre groupes à quatre artistes titulaires du prix de Rome, pour illustrer l’éventail complet des arts lyriques. À Jean-Baptiste Carpeaux incombe le thème de la discipline chorégraphique, et il ne lui faudra pas moins de trois ans pour élaborer son chef-d’œuvre, l’éblouissante Danse dont l’original est aujourd’hui au musée d’Orsay. Sa préoccupation, très moderne, était de rendre palpable la sensation du mouvement ; il y parviendra en usant d’une double dynamique, à la fois horizontale et verticale. La première est constituée par la ronde effrénée des bacchantes, tandis que la seconde est entraînée par le génie bondissant qui les domine, jouant du tambourin, et emporté dans un élan plus sensuel que mystique. L’œuvre fait scandale lors de sa présentation, et reçoit même une bouteille d’encre pour son « indécence ». Avec la guerre de 1870, la polémique retombe et ce fameux génie est édité en plâtre, en figure indépendante du groupe, mais conservant à ses pieds le petit amour agitant une marotte, symbole de la folie qui s’empare des danseurs… D’une hauteur de 1,10 mètre, l’un des rares exemplaires devenait la vedette d’une vacation ariégeoise, en raflant 15 600 €. Notons que, lors de la même session, un très sculptural vase en grès «aux panthères», attribué à Adrien Dalpayrat, récoltait 11 400 €.