Par son décor et son style, ce coffret dit «roman», en porcelaine dure de Sèvres et bronze, ouvrait ses arcades à l’histoire.
Ce ne sont pas les vitrines de la Cité de la céramique - Sèvres et Limoges que ce coffret à bijoux viendra orner, mais celles du musée du Louvre, qui a fait valoir son droit de préemption à 33 020 €. L’historicisme de l’objet l’a emporté sur la matière. La pièce, en forme de porche d’église médiévale et ainsi dite de modèle «roman», a été exécutée à Sèvres vers 1846-1853 d’après un modèle dessiné par Ferdinand Régnier en 1845 (voir Gazette no 38 du 8 novembre, page 55). Louis-Philippe étant alors sur le trône et la mode médiéviste à son apogée, la grande manufacture n’y coupe pas et s’y adonne avec force pièces de grande décoration, et toujours un haut degré de perfection. Le décor illustre quelques épisodes de la vie de saint Éloi (vers 588-659), qui conseilla comme chacun le sait le bon roi Dagobert Ier, mais fut aussi auparavant l’orfèvre et le maître des monnaies de son père, Clotaire II. Ce n’est qu’en 632 qu’il devient prêtre et fonde un premier monastère, et qu’après la mort de Dagobert sept ans plus tard qu’il quitte la cour pour se consacrer à sa charge ecclésiastique. Promis par ses talents au pouvoir et à une vie de richesse, il choisit l’humilité et la fidélité à son dieu, auquel il enverra avant trépas une supplique : «Souvenez-vous, Seigneur, que ma vie n’est qu’un souffle et un peu de vent».