Un chef-d’œuvre du sculpteur François Anguier redécouvert

L’expert Alexandre Lacroix l’affirme tout de go  : «Je n’ai jamais eu entre les mains de modèle en terre cuite du XVII e   siècle de cette importance modelé par un sculpteur français». Il précise  : «Jusqu’au XVIII e   siècle, les Français préfèrent la cire ou le bois pour présenter des modèles à leurs commanditaires, et il faut attendre les années  1730 pour voir apparaître des sculptures en terre cuite au Salon de l’Académie. Si l’on ajoute à cela la grande fragilité du matériau, on comprend pourquoi les œuvres françaises en terre cuite antérieures sont d’une extrême rareté. Conservées alors par les sculpteurs ou les commanditaires, elles ont presque toutes disparu.» Son associée, Élodie Jeannest de  Gyvès, insiste pour sa part sur «l’historique traçable [du modèle] jusqu’à nos jours grâce à des supports archivistiques et iconographiques». Passée par une vente «anonyme» le 21  mars 1763 (n°  150), puis lors de celle de Montesquiou-Fezensac du 29 au 31 janvier 1872 (n°  123), la terre cuite est restée jusqu’à présent en possession d’héritiers indirects du commanditaire. Étape indispensable du processus créatif, qui entérine le contrat de commande et permet aux parties de s’accorder sur les détails de l’œuvre en devenir, les maquettes de monuments funéraires du XVII e   siècle sont très peu à avoir été conservées. Deux en terre cuite étaient jusqu’alors répertoriées  : celle du monument du maréchal Budes, comte de  Guébriant – resté inachevé – par François Anguier , toujours entre les mains de ses descendants, et le gisant d’Henri  II de  Bourbon-Condé,…