Le 29 août, Michael Jackson aurait eu 65 ans. Hasard du calendrier ou non, son tout premier fédora apparaît sur le devant de la scène… des enchères. Retour sur un objet mythique.
Il n’est pas le premier couvre-chef de l’artiste à être cédé sous le marteau mais celui-ci bénéficie d’une estimation à cinq, voire six chiffres… La raison ? L’accessoire a été porté par Michael Jackson lors du 25e anniversaire de la Motown, le 25 mars 1983 au Civic Auditorium de Pasadena, en Californie. La légendaire maison de disques a vu les choses en grand et organisé un show commémoratif, modestement intitulé «Yesterday, Today, Forever». Créé en 1959 à Detroit, le label Motown – contraction de Motor Town, en référence à Motor City, le surnom de la capitale de la production automobile américaine – a pour objectif de séduire le public avec des chansons de soul et de rhythm and blues. Le but est atteint grâce à des artistes comme Diana Ross, Marvin Gaye, Stevie Wonder, The Temptations ou les Jackson Five, pour n’en citer que quelques-uns. Michael Jackson a quitté cette véritable usine à tubes en 1981, mais il a accepté de participer à l’émission, en posant quelques conditions toutefois. Notamment, celle de chanter «Billie Jean», chanson figurant dans l’album Thriller, de 1982, puis sortie en single le 2 janvier 1983, et dont le chanteur a pressenti qu’elle serait un succès commercial considérable. Il ne s’est pas trompé : plus de 10 millions de copies seront vendues. Lors de la cérémonie, c’est le seul des titres interprétés à n’être pas publié sous le label Motown. Pour Jackson, c’est un moment d’anthologie. Il a trouvé sa signature visuelle : un pantalon moulant, un gant blanc à la main droite – pour masquer les débuts d’un vitiligo –, une veste à paillettes, des mocassins étincelants et, pour la première fois en public, il effectue le moonwalk, ce pas glissé vers l’arrière qui permet au danseur de se déplacer à reculons tout en créant l’illusion de marcher en avant, pratiqué par le jazzman Cab Calloway dès les années 1930 ou le mime Marceau vers 1950. Le roi de la pop expliqua s’être inspiré de gamins vus dans le quartier du Bronx à New York. Un objet manquait cependant pour parfaire cette mise en scène : notre fédora noir ! Conçu par Maddest Hatter, une entreprise de chapeaux basée à Los Angeles qui collabora à de nombreuses reprises avec l’artiste, il est en feutre doublé de soie, porte le nom du chanteur, l’inscription «Motown 25» et la mention «02-1983» – probablement la date de sa fabrication. Quand le chanteur passe commande, il a une idée précise de ce qu’il veut, à défaut de savoir exactement ce qu’il fera de l’accessoire : un chapeau de style espion, «quelque chose qu’un agent secret porterait»… ou un gangster des années 1930. Le fédora, avec son creux triangulaire sur le dessus, ses deux fossettes sur les côtés et son large bord surmonté d’un gros grain, correspondait parfaitement aux attentes du chanteur. Qui ne se souvient d’Humphrey Bogart dans Casablanca, d’Alain Delon et Jean-Paul Belmondo dans Borsalino ou d’Harrison Ford dans Indiana Jones ? Toutefois, c’est à Sarah Bernhardt que ce couvre-chef doit son nom, l’actrice portant un chapeau de feutre mou dans la pièce éponyme de Victorien Sardou. À la fin de sa prestation enflammée, Michael Jackson lance son fédora. Il est récupéré par un certain Adam Kelly. Quelques années plus tard, celui-ci le cède à un collectionneur américain, qui s’en sépare à son tour, en vente privée, auprès d’un amateur européen. Heureux sera celui qui portera le chapeau dans quelques jours…