Rares à nous être parvenues intactes et encore plus rares sur le marché, les coupes en cristal de roche exécutées en Italie au XVIe siècle ont quelque chose de fascinant, surtout lorsque, comme celle-ci, elles s’accompagnent d’une provenance de prestige. Elle a en effet appartenu aux collections du baron Gustave Samuel James de Rothschild (1829-1911), grand amateur d’art et par ailleurs propriétaire de l’hôtel particulier de Marigny. Au XVIe siècle, les ateliers milanais de production d’objets en pierres dures supplantent les cristalliers vénitiens, en déclin depuis la fin du XVe siècle. Les noms de deux familles, ceux des Carachi et des frères Miseroni, dominent et bénéficient rapidement d’une clientèle cosmopolite de renom. Si François Ier fut le premier souverain français à en acheter, c’est véritablement Louis XIV qui leur donna toute leur majesté, les pièces en pietre dure, que l’on nommait alors «bijoux», étant en partie visibles d’un public choisi, présentées dans ses petits appartements et le cabinet des médailles. L’engouement ne s’est pas démenti durant tout le XVIIe siècle et a été réactivé au XIXe. Cette coupe arborait sur sa panse un motif de feuillage travaillé en volutes, des plus raffinés et aériens. Elle s’est posée, avec toute la délicatesse due à sa fragilité, à 148 000 €.