Cette exposition aborde un mouvement majeur de la contre-culture des années 1960, le réalisme fantastique, tout droit sorti du ventre du surréalisme, et fort peu connu du grand public. Néanmoins, tout le projet d’«Un autre monde/Dans notre monde» est en réalité monté autour d’un livre, Le Matin des magiciens de Louis Pauwels et Jacques Bergier, succès de librairie traduit en plusieurs langues dès sa sortie en 1960, et relayé par la revue Planète, friande d’art, d’ésotérisme, d’alchimie, d’anthropologie et de physique quantique. Par définition, le réalisme fantastique consiste à dénicher le fantastique au cœur même du réel, et non à travers une succession de phénomènes surnaturels. Une première version avait déjà été présentée en 2016 à la galerie du jour Agnès b, suivie d’une seconde deux ans plus tard aux Halles Saint-Géry, à Bruxelles. Cette nouvelle approche, distillée sur les trois étages du FRAC à Marseille, se veut moins historique que les précédentes, mettant davantage l’accent sur les différentes postérités de ce mouvement dans la création contemporaine. L’autre particularité de l’événement est liée en grande partie à la personnalité du commissaire Jean-François Sanz, «intéressé et attiré», dit-il, «par les marges, les cultures underground. Prenez l’engouement pour la cybernétique et l’intelligence artificielle ou encore l’idée que “ la Vérité est ailleurs ”, popularisée par la série X-Files dans les années 1990… tout était déjà en germe dans Le Matin des magiciens ».