Cet ensemble de 368 feuilles d’après nature est demeuré inconnu jusqu’à ce jour… Il constitue un intéressant journal de voyage entre 1797 et 1810 environ, d’autant que les dessins au crayon qui le composent, sur papier blanc ou pour certain bleu, sont rehaussés d’observations de la main de Simon Denis : détails qu’il envisage pour les différents champs de la feuille, indications sur les lieux représentés (Castellammare, Sora, Aquino, Ischia, mont Thabor, etc.). Leurs sujets ? Des rochers, des montagnes, des cascades, des châteaux, des demeures, des maisons, des ruines, des bords de mer, des paysages… Flamand d’origine, l’artiste se rend à Paris vers 1775 pour y travailler chez Jean-Baptiste Le Brun (1748-1913) fils de Charles Le Brun , peintre et marchand de tableaux, fournisseur attitré de grands collectionneurs, de la Russie aux États-Unis, et même organisateur de ventes aux enchères… Ce professionnel redouté lui procure les moyens de se rendre à Rome en 1786. Pendant près de quinze ans, Simon Denis occupe ainsi une place importante dans la Ville éternelle pour la peinture de paysages d’après nature, jouissant d’une solide réputation auprès d’amateurs de toutes nationalités, parmi lesquels lord Bristol, les romantiques allemands Goethe et Schlegel… Il fréquente assidûment la colonie française, pour certains pensionnaires à la villa Médicis, accueille Élisabeth Vigée Le Brun, portraitiste de la reine et épouse de son protecteur, qui a fui la France le 6 octobre 1789. À partir de 1803, Denis vit à Naples, où il obtient la fonction de «premier peintre de la chambre pour les vues et les paysages» à la cour de Joseph Bonaparte.