Cette pièce de 8 louis d’or au buste drapé et à la tête laurée de Louis XIII pourrait attiser les ardeurs des numismates du monde entier.
«Extrêmement rare», «de toute beauté», l’expert de la vente Thierry Parsy ne tarit pas d’éloges sur ce morceau d’or de quelques centimètres de diamètre et d’une cinquantaine de grammes. Son enthousiasme sera-t-il partagé ? On a tout lieu de le croire si l’on en juge par le score de 673 100 € obtenu le 8 décembre 2021 (Fraysse & Associés, Mme Bourgey) par un 10 louis d’or à la tête laurée et au buste drapé. Il était estimé 120 000/150 000 €. Comme le nôtre, il avait été frappé à une vingtaine d’exemplaires, et uniquement en 1640. Contrairement aux louis, demi-louis et double louis, le 8 louis faisait partie des pièces dites «de plaisir», d’hommage ou de prestige destinées aux courtisans ou aux proches du roi. Ou encore à servir sur les tables de jeu… Ce grand module n’existe qu’en un seul modèle, comme le 4 louis d’or – encore plus rare –, deux versions du 10 louis en revanche ayant vu le jour : l’une à «la tête laurée» (et au buste nu), l’autre à «la tête laurée et au buste drapé». Notre exemplaire est livré en très bel état de conservation et ajoute à sa rareté son pedigree : la descendance d’Alexandrine Soleirol (1848-1883), qui l’avait reçu de son grand-père, Joseph François Soleirol (1781-1863), polytechnicien, bibliophile et numismate, dont la collection de monnaies byzantines fut vendue à Paris les 19, 20 et 21 juillet 1855 à l’Hôtel Drouot. C’est en 1640 que Louis XIII, roi de France et de Navarre, décide de réformer le système monétaire, et confie à Claude de Bullion, son surintendant des finances, la création du louis d’or. Stabiliser la monnaie nationale et restaurer la confiance en celle-ci sont – déjà – à l’ordre du jour. Tout comme encourager les premiers placements refuges et éradiquer les pièces de monnaie de l’Espagne et de l’Angleterre alors en circulation dans l’Hexagone. La figure souveraine est gravée par Jean Varin (1604-1672), sculpteur wallon venu en France, devenu contrôleur général des poinçons et effigies, et qui s’illustra dans les bustes opulents de Louis XIII, Richelieu et Louis XIV. Aujourd’hui, ces modules d’exception sont recherchés par un public international des États-Unis au Japon, de l’Angleterre à la Suisse en passant par la France.