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Trésor national médiatique

Publié le , par Fabien Bouglé

Mardi 12 avril retentissait un coup de tonnerre comme le marché de l’art en connaît peu, avec le dévoilement d’un tableau attribué à Caravage par le cabinet Turquin.

Attribué à Michelangelo Merisi, dit le Caravage (1571-1610), Judith tranchant la... Trésor national médiatique
Attribué à Michelangelo Merisi, dit le Caravage (1571-1610), Judith tranchant la tête d’Holopherne, vers 1604-1605, toile, 144 x 173 cm.
Photo : Studio Sebert
Une fois n’est pas coutume, le Journal officiel du 31 mars dernier a enflammé les passions artistiques. Repéré par le toujours très alerte Didier Rykner de La Tribune de l’art , cet arrêté du 25 mars 2016 refuse le certificat d’exportation à un mystérieux tableau «attribué possiblement à Michelangelo Merisi, dit le Caravage». De quoi mettre le feu aux poudres… Découverte dans un grenier de la région toulousaine, la toile était depuis fin avril 2014 étudiée par Éric Turquin et deux de ses collaborateurs, Stéphane Pinta et Julie Ducher. Cette décision ministérielle a obligé l’expert à revoir sa stratégie et à dévoiler Judith et Holopherne . À peine révélé au public, le tableau que vous attribuez à Caravage fait débat... Éric Turquin : Je savais qu’il ne ferait pas l’unanimité. Le problème pour Caravage c’est que tout le monde se dit spécialiste, ce qui n’est pas très compliqué puisqu’on ne connaît que 64 tableaux de lui. Ensuite, notre composition biblique ne se livre pas facilement. D’une part, parce qu’elle est dans un état proche de celui dans lequel elle était à la sortie de l’atelier du peintre, ce qui est très déroutant. Or, beaucoup d’historiens sont habitués aux tableaux des musées, régulièrement restaurés. D’autre part, comme nous l’a dit l’un d’entre-eux, il s’agit d’une toile «expérimentale» parsemée de repentirs, qui fait partie du petit corpus de ces œuvres qui bouleversent l’histoire de l’art. Malheureusement, les photographies échouent à restituer pleinement ce tableau qui a conservé ses couches de vieux vernis. Stéphane Pinta : Aux détracteurs, je dis «venez le regarder». Quand j’ai vu ce tableau pour la première fois, j’ai reçu comme un coup de poing dans le ventre. Je suis restaurateur et copiste de formation, aussi je connais l’état d’esprit dans lequel on fait une copie et ce que l’on peut techniquement faire ou pas. C’est un cas d’école fantastique quand on voit la copie de Louis Finson qui est plate, avec des modelés trop faciles et une absence de violence. Alors que dans notre tableau, la fougue est visible, et encore plus avec les radios qui permettent de déceler une matière noueuse et torturée, des coups de pinceaux a la brava très sûrs, sur lesquels on…
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