Un guéridon estampillé Sormani signe le mariage réussi du grand style et de la micromosaïque. Lorsque la Ville éternelle rencontre Paris...
Paul Sormani (1817-1877) est l’un des ébénistes les plus reconnus de la seconde moitié du XIXe siècle. Installé dès 1847, il fabrique des meubles de styles Louis XV et Louis XVI d’une exceptionnelle qualité d’exécution, recevant en retour décorations et médailles aux expositions universelles et des produits de l’industrie ainsi que les faveurs de l’impératrice Eugénie. Il est d’origine italienne, ce qui explique son appétence à employer la micromosaïque pour agrémenter ses créations mobilières. Pour ce guéridon en acajou de style Louis XVI, son ambition est grande puisque c’est tout le plateau qui est orné d’une grande plaque circulaire présentant douze des plus importants monuments romains sur le pourtour et, au centre, une vue de la place Saint-Pierre… l’enchère de 86 360 € qui l’a honoré est des plus justifiées ! La micromosaïque est une production typiquement italienne qui connaît son âge d’or à Rome de la fin du XVIIIe au premier tiers du XIXe. Dans les années 1830, on compte dans la ville plus d’une vingtaine d’ateliers et pour les réalisations les plus exceptionnelles, pas moins de huit cents smalti filati (tesselles) au centimètre carré ! La première exposition de cet art en réduction a lieu dans les ateliers de Giacomo Raffaelli (1753-1836) en 1775. Ensuite, Rome va donner le ton à toute l’Europe. Les voyageurs étrangers effectuant leur grand tour les achèteront dans de luxueuses boutiques installées piazza di Spagna. L’occasion de rapporter un petit morceau d’éternité.