Tel un voyage initiatique au cœur de rites questionnant l’humanité et le monde, l’ex-position orchestrée par la commissaire polonaise Agnes Gryczkowska réunit une vingtaine d’artistes aux pratiques très diverses. Dans une mise en scène intimiste faisant dialoguer œuvres anciennes et contemporaines, dont certaines ont été réalisées pour l’occasion, le parcours parle de divination, de métamorphoses, de mystères, comme il évoque le passage de la vie à l’au-delà et met fréquemment en exergue la figure maternelle. Au premier étage de la fondation se joue la partie la plus intéressante du voyage. En son centre, l’installation Beltane Oracle de Bianca Bondi évoque le mythe celtique célébrant les êtres vivants et la renaissance. Sur le sol couvert de sel où sont posées des coupes remplies de lait maternel de l’artiste, cinq mâts en bois brûlé, ornés de cristaux de quartz, se dressent comme autant d’étranges totems. Une gouache sur papier rarement exposée du peintre surréaliste Wifredo Lam semble secrètement dialoguer avec une enluminure mystique du manuscrit Liber scivias (fac-similé), réalisé par l’abbesse Hildegarde de Bingen au XIIe siècle. Quelques idoles cycladiques, ultimes témoins des rites grecs ancestraux, conversent avec une divinité sombre, au ventre fécond, de Tau Lewis. Cette dernière paraît annoncer les monumentales Présence et Gisante de Jeanne Vicerial, spectaculaires « fantômes » textiles inspirés par les gisants de reines inhumées dans la basilique Saint-Denis. Si, prises individuellement, les œuvres sont chargées de mille significations, rassemblées, elles souffrent paradoxalement d’une surenchère d’informations qui rend le propos presque confus. Amplifiée par l’œuvre sonore de Kali Malone, la scénographie de cette exposition ambitieuse et gratuite permet toutefois de vivre une expérience immersive sensible et très spirituelle, pour qui le souhaite.