Torres García, une cartographie de la peinture des Andes à l’Europe

Né à Montevideo, dans une famille originaire de Catalogne, Joaquín Torres García porte en lui la synthèse de l’Amérique et du vieux continent. En 1891, sa famille s’installe à Barcelone. Le jeune homme est inscrit à l’École des beaux-arts. Comme l’auteur des Demoiselles d’Avignon, il concentre son attention sur la représentation de «la vie moderne». Il est également séduit par le futurisme, Mondrian et van Doesburg. Avec ces derniers et le critique Michel Seuphor, il fonde le groupe Cercle et carré en 1929. Sa trajectoire le conduit à Paris entre 1926 et 1932. Il se lie avec Amédée Ozenfant, bénéficie du respect et de l’amitié de Picasso, Miró, Picabia, Tzara… En 1933, il séjourne à Madrid avant de revenir dans son pays natal l’année suivante. Un voyage aux États-Unis, en particulier à New York, le confirme dans sa vision d’une structure de lignes horizontales et verticales, et du dynamisme de la couleur. Un «art constructif universel» qu’il prolongera jusqu’en 1948, alternant avec des phases de retour à la figuration. Sa peinture, plus descriptive, intègre le port et la ville de Montevideo, ses thèmes privilégiés, dans lesquels il excelle. Les aplats de couleur et les lignes envahissent ses tableaux, le ciel, comme le fond, disparaît, l’espace est divisé en tonalités marron, gris, noir, parfois ponctué de personnages. L’espace, divisé en damiers de couleurs, fait écho aux jouets en bois découpé, à recomposer comme un puzzle qu’il conçoit pour nourrir sa famille dans les années 1930. Notre tableau provient de la collection de Pierre Ferrand-Eynard (1932-2017), directeur de sociétés de conseil et de gestion. Un homme discret qui aimait les belles choses, les œuvres fortes et les personnalités affirmées.