Coproduite par l’Institut des relations culturelles étrangères de Stuttgart et le musée d’art moderne d’Istanbul (Istanbul Modern), d’abord montrée à Dresde, l’exposition dont le titre signifie «Les péripéties d’un fil : récits globaux autour des textiles» est composée de deux parties, l’une historique, l’autre artistique. La première retrace l’engagement du Bauhaus (1919-1933) dans le domaine textile et évoque l’expérience dès 1957 d’une École d’arts appliqués, la réplique turque de la fameuse institution allemande. Le volet contemporain propose une sélection de vingt-cinq artistes, allemands et turcs pour l’essentiel. La densité du parcours et ses contradictions disent clairement combien le thème en question est délaissé par le monde contemporain de la culture et de l’art à l’exception de la mode , alors même qu’il reste une part importante du patrimoine universel et des pratiques humaines. On est frappé par la divergence entre le projet de l’école de Weimar d’une part, tourné vers la production industrielle dans un esprit utopique, et les démarches artistiques contemporaines de l’autre, plus individuelles et personnelles, plutôt hostiles au consumérisme, insistant sur une récupération salutaire de l’héritage amérindien, turc, européen. Avec une belle mise en scène, plutôt sobre, les installations, les tableaux, les vidéos ou les documents abordent également les questions sociales ou de genre.