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Templon, pignon sur rue

Publié le , par Henri-François Debailleux

À l’âge de 73 ans, Daniel Templon, figure incontournable de la scène contemporaine française, ouvre un nouvel espace dans le Marais. Un choix résolument parisien, pour le plus parisien des galeristes.

La verrière de la seconde galerie parisienne de Daniel Templon, au 28, rue du Grenier-Saint-Lazare,... Templon, pignon sur rue
La verrière de la seconde galerie parisienne de Daniel Templon, au 28, rue du Grenier-Saint-Lazare, avec jusqu’au 21 juillet une exposition consacrée à Jan Fabre.
Photo B. Huet/Tutti

En 2016, Daniel Templon fêtait les 50 ans de sa galerie. Il avait en effet ouvert sa première adresse au printemps 1966 rue Bonaparte, à Saint-Germain-des-Prés, avant de s’installer en mars 1972 au 30, rue Beaubourg, tout près du Centre Pompidou, où il est toujours aujourd’hui et qu’il ne va pas quitter. On aurait pu croire que le galeriste allait s’asseoir sur les deux gros livres édités à l’occasion de cet anniversaire et se satisfaire de cette belle longévité. Que nenni ! Insatiable, il vient, à 73 ans, d’ouvrir un second espace à 250 mètres et deux minutes à pied du premier. Lorsqu’on lui demande pourquoi, la réponse fuse : «Parce que j’ai besoin d’activité. Je ne me suis même pas posé la question de l’âge». Il évoque les Sydney Janis, Pierre Matisse, Leo Castelli, Ileana Sonnabend, Denise René «qui ont continué jusqu’à la fin de leur vie», ou encore Marian Goodman ou Claude Bernard, qui ont autour de 90 ans et sont toujours en activité. «C’est un métier qui, de par sa nature, est passionnant quotidiennement. Ce besoin de découvertes, on l’a en nous.» A-t-il pensé à son fils Mathieu ? «Il a sa galerie à Bruxelles et logiquement, dans le futur, il devrait reprendre les galeries de Paris».  Contrairement à certains de ses confrères, Daniel Templon n’a choisi ni Pantin, ni Hong Kong ou Shanghai. «En banlieue, les gens n’y vont pas hors du vernissage. En Asie, je n’en ressens pas la nécessité. Et puis Paris est une ville créative, plus active qu’on ne le croit. J’ai envie de contribuer, à ma mesure, à ce qu’elle redevienne une place internationale importante.»
Pas de hiérarchie
«Cela faisait dix ans que j’avais envie d’un espace plus grand dans le quartier», ajoute-t-il. Aussi, lorsque, sur les conseils d’une agence, le marchand d’art a vu cet ancien magasin de vêtements sis au 28, rue du Grenier-Saint-Lazare, il a franchi le pas  la rue, devrait-on dire. «J’ai visité le lieu le lundi 18 juillet à 11 h 30 ; à 12 h 05, j’ai dit “je prends”». Dix mois plus tard, les 16 et 17 mai dernier, Templon a inauguré avec une exposition de Jan Fabre cette galerie jumelle  «il n’y aura pas de hiérarchie entre la première et la seconde, elles sont à égalité», dit-il , sur rue, d’une superficie totale de 660 mètres carrés, dont 250 pour les expositions contre 370 mètres carrés et 150 pour la rue Beaubourg, sur cour , répartis sur trois niveaux, avec une magnifique verrière de huit mètres de hauteur, huit bureaux, une salle de réunion… «D’une part, cela va renforcer l’image de la galerie, et d’autre part, les artistes sont très sensibles à la qualité de l’espace.» Entièrement repensée et réaménagée par Jean-Michel Wilmotte, dont on reconnaît la patte notamment le gris de certaines structures , la galerie préserve l’identité du maître des lieux. Même ambiance qu’au 30 de la rue Beaubourg, mêmes lumière, parquet, présentoir à catalogues dès l’entrée… Pas de doute, on est bien chez Templon comme indiqué, sans prénom, en grand sur la façade. Comme une enseigne, une marque, comme on dit «Gagosian» ou «Perrotin».

À lire
Catherine Grenier, 50 ans d’art contemporain, galerie Daniel Templon,
éd. Galerie Daniel Templon, 2016.

Julie Verlaine, Galerie Templon, une histoire d’art contemporain,
éd. Flammarion, 2016.
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