Un peintre corsaire, une tempête sur la mer et des bateaux en danger. Le spectacle est au rendez-vous avec ce tableau attribué à Louis Ambroise Garneray.
Chacun reconnaîtra la cité de Saint-Malo en arrière-plan de cette impressionnante marine du début du XIXe siècle. Un souvenir de l’une des tempêtes marquantes qui s’abattirent sur le port breton à de nombreuses reprises à l’époque : celles de 1818, 1819 ou 1820 tenaient presque de l’ouragan. Bien que les personnes sur la rive, sans doute habituées aux caprices de l’océan, ne semblent pas inquiètes, les bateaux au large sont en mauvaise posture. Ambroise Louis Garneray peignit de nombreux. tableaux représentant les plus grands ports français. À l’instar de Joseph Vernet au XVIIIe siècle, il se lança dans une série de soixante-quatre gravures des côtes et ports, de Dunkerque à la Corse. Cet ensemble fut édité entre 1822 et 1832 par Panckouke et imprimé par Firmin Didot. L’artiste, en 1824, décida d’en produire des versions peintes et dessinées, dont vingt-trois provenant de l’ancienne collection de la famille Menier connue pour ses chocolats sont aujourd’hui conservées à la Chambre de commerce et d’industrie de Paris. Parmi elles, une œuvre comparable à notre tempête à Saint-Malo, de même qualité mais avec quelques variantes dans les effets de lumière et les personnages. Une peinture de style néoclassique qui comporte des détails d’une grande minutie, mais aussi des éléments naïfs qui font tout son charme. Et pourtant, la carrière de Garneray était loin d’être tracée... Bien que fils de Jean-François Garneray, peintre du roi et élève de David, il décide de s’engager dans la marine à l’âge de 13 ans. Le garçon part à l’aventure dans l’océan Indien, participant à des batailles, évitant des naufrages et échappant à la captivité. Il navigue même avec le légendaire Surcouf, notamment en 1800 lors de l’abordage du Kent. Finalement fait prisonnier en 1806 par les Britanniques, il passera huit années sur les pontons de la rade de Plymouth. C’est là qu’il se mettra à peindre, afin de tromper l’ennui mais aussi de gagner de l’argent. Il réussira en effet à vendre certaines de ses marines à des marchands. À la fin de la guerre, en 1814, une nouvelle vie s’offrira à lui !